Glozel, le musée

(Ferrières-sur-Sichon, Allier)

Présenté pour vous par Cécile, le 20 octobre 2022 - temps de lecture : 2 mn

Temps de visite estimé : 30 mn à 1h30, selon votre inspiration et votre patience - entrée payante

Niveau de difficulté : facile, mais comme dans tous les musées, station debout et piétinement à prévoir

Voir quoi ?

D’abord, voir un musée à l’ancienne, géré par une association fidèle à la mémoire et aux travaux d’Emile Fradin, jeune agriculteur qui avait 17 ans en 1924, lorsqu’il découvrit ce site archéologique et médiatique qui défraya la chronique au début du XXe s. Ensuite, voir de ses yeux le sujet de l’une des énigmes les plus épaisses et l’une des controverses les plus sanglantes de l’archéologie moderne, puisque l’un des protagonistes de l’affaire a été assassiné par le tenant d’une hypothèse d’interprétation du site opposée à la sienne. Mais qu’y avait-il à Glozel qui justifiait pareille violence ?

Paysage autour du hameau de Glozel, sur la commune de Ferrières-sur-Sichon - © V. Mourre /

Qu'est-ce que c'est ?

Gozel est le nom du hameau, et par extension celui d’un gisement archéologique d’où ont été extraits, entre 1924 et 1936, une quantité impressionnante d’objets divers en os, en pierre, mais aussi en terre modelée et en verre. A l’époque, l’ensemble avait été considéré comme homogène et daté de la Préhistoire. Où est le problème, alors ? Et bien, le verre n’est apparu en Europe qu’à l’âge du Bronze, la poterie plusieurs milliers d’années après l’outillage magdalénien, et plusieurs objets en os, en pierre et en terre modelée comprenaient des signes ressemblant à des lettres des alphabets phéniciens et ibériques, alphabets qui ne sont pas contemporains et ne datent pas de la Préhistoire.

Quelques unes des "tablettes de Glozel" et autre objets inscrits - © Agence Meurisse, 1927, en ligne sur Gallica, BnF

Fallait-il en déduire que l’écriture et l’art de la poterie sont nés en Auvergne à l’époque glaciaire, celle de l’art magdalénien ? Dur à admettre de nos jours, mais il était très difficile, à l'époque, de dater les objets archéologiques, car les méthodes physico-chimiques n'existaient pas encore et il n'y a avait pas assez de sites fouillés et publiés, tant en France que dans le reste du monde, permettant de comparer les artefacts de Glozel avec une assez grande quantité de découvertes présentant des similitudes et bien datées de leur côté. De notre point de vue, c'est ce qui explique la violence des débats qui s'en sont suivis entre spécialistes, pour définir si oui ou non ces objets étaient tous locaux et préhistoriques. Précisons que les théories les plus diverses pour expliquer la provenance de ces trouvailles ont été émises jusqu’à nos jours, jusqu’à invoquer l’œuvre des Atlantes, sans qui aucun mystère historique ne semble décidément pouvoir être résolu.

Pour apprécier les circonstances de la découverte et voir les artefacts, le mieux est d'aller au musée vous faire votre propre idée.

Pourquoi y aller ?

Pour vous confronter à une énigme à la fois archéologique et policière, mais aussi aux limites de ce que l’on veut faire dire l’Histoire. En l’état actuel des découvertes archéologiques partout sur la planète, il est admis que les objets mis au jour à Glozel proviennent de sociétés et d’époques très éloignées les unes des autres, et que certains ont été retouchés pour leur donner davantage d’intérêt. D’autres sont des faux manifestes.

Car, dans cette affaire, le découvreur, innocent, était vraiment de bonne foi, mais le site avait été fabriqué, créé à partir d’un vrai gisement archéologique, enrichi d’artefacts spectaculaires. Pourquoi ? Pour faire naître un mystère et une controverse bien dans l’air du temps de l’époque, pour faire le buzz, dirait-on maintenant.

Qui était l’auteur de la supercherie ? Des soupçons ont plané sur le directeur des fouilles (qui n'était pas le découvreur), mais rien n'a pu être prouvé. Alors vrai ou faux, le site de Glozel ?

une vitrine présentant les découvertes de Glozel. Ici des figurines en poterie - © Agence Meurisse, 1927, en ligne sur Gallica, BnF