La carrière Wellington

(Arras, Pas-de-Calais)

Exploré pour vous par Cécile, le 09 avril 2023 - temps de lecture : 3 mn

Temps de visite estimé : 1h30 - entrée payante.

Niveau de difficulté : facile, mais déconseillé aux claustrophobes.

Voir quoi ? 

Les vestiges de la plus grande attaque surprise de la première Guerre Mondiale !  

A quoi cela ressemble ? A d’interminables galeries souterraines, où ont vécu pendant plusieurs semaines quelques 24 000 soldats du Commonwealth. Extraordinairement bien organisé, le réseau de galeries s’étend sur quelques 20 km. C'est une véritable et immense caserne, avec cuisines, toilettes, chambrées, bureaux. 

Ces travaux gigantesques sont le fait de la compagnie des soldats tunneliers néo-zélandais, d’où le nom commémoratif donné au site (Wellington est une ville de Nouvelle-Zélande).

Vue de l'une des galeries ouvertes au public (dépliant touristique) - © Cituation et Ensemble

Pourquoi avoir aménagé cet incroyable endroit ? Pour pouvoir avancer incognito jusque sous les lignes allemandes et jaillir de terre au moment voulu ! Ce moment, c’était le 09 avril 1917, il y a tout juste 126 ans, le premier jour de la terrible bataille d’Arras.

Après une descente en ascenseur, les visiteurs suivent un parcours quasi initiatique dans les galeries, ponctué de projections de photos d’époque de soldats, qui repeuplent leur ancien cantonnement. On remonte finalement par l’une des sorties par lesquelles l’offensive a été lancée.

© ArchéOdyssée
La sortie n°10, à l'escalier taillé dans la roche - © ArchéOdyssée

Qu'est-ce que c'est ? 

Au départ, il y a, sous le sol de la campagne d’Arras, des carrières de craie exploitées du Moyen Âge au XVIIIe siècle. C’est d’ailleurs en les explorant, dans les années 1990, que les archéologues ont redécouvert l’incroyable état de conservation des galeries réaménagées en 1917. Ce fût le point de départ de la remise en valeur du site, qui permet maintenant de revivre la préparation de l’une des batailles décisives de la guerre.

© ArchéOdyssée
Chambrée de 4 lits superposés - © ArchéOdyssée

Retour, donc, en ce printemps 1917 : après 6 mois de travaux acharnés et de préparation intensive, l’ensemble des tunnels du réseau de carrières sont mis en relation. Les troupes s’y rassemblent, régiment par régiment, et sont réparties par quartiers, chacun portant le nom d’une ville néozélandaise. Des fléchages à la peinture, encore très bien conservés, permettent de se retrouver dans ce dédale souterrain.

© Dsch67 / CC BY-SA
© ArchéOdyssée

Le 09 avril 2017, à 6h30 du matin, les forces du Commonwealth surgissent du sol en différents points de sortie et attaquent les positions allemandes, saisies de surprise. Ce n’est cependant pas une victoire éclair : la bataille d’Arras, qui s’étirait sur un front de 20 km, a duré 39 jours et a fait (attention c’est monstrueux) 150 000 victimes parmi les soldats de l’empire britannique et 120 000 côté allemand. Les civils français ne sont même pas décomptés. Quant à l’état de la plaine d’Artois, d’Arras et des villages alentours, on préfère ne pas en parler…

Pourquoi y aller ? 

Pas besoin d’être un fan de 14-18 pour apprécier la découverte, mais c’est vrai que ce n’est pas un site anodin que l’on peut voir sans y être un peu préparé. Car il y a aussi beaucoup d’émotion dans cette visite. C’est que tous ces objets du quotidien, comme figés dans leur état d'avril 1917, nous rendent les soldats si proches. On reste aussi bouche bée devant l’ampleur des travaux des sapeurs néozélandais, ainsi que par l’organisation sans faille de toute l’entreprise ! C’est incroyable de se dire qu’il y a eu une ville sous la ville, en 1917. Car à l’inverse de nombreux sites de bataille, la carrière Wellington est dans Arras ! Tout cela aurait un côté exaltant, si on ne connaissait pas la fin tragique de l’histoire, mais bon…

Le petit plus ? des formules de visites guidées très originales, de la visite privée avec des guides en uniformes d’époque au jeu d’enquête en sous-sol, à la recherche des cartes perdues de l’état-major.

© ArchéOdyssée
  © ArchéOdyssée