L'église souterraine d'Aubeterre-sur-Dronne

(Charente)

Exploré pour vous par Cécile, le 13 août 2023 - temps de lecture : 3 mn

Temps de visite : entre 25mn et 1h, selon votre rythme - entrée payante.

Niveau de difficulté : moyen : attention aux escaliers (80 marches) et aux irrégularités du sol. Déconseillé aux claustrophobes, malgré l'espace dans la nef.

  L'abside de la salle principal, avec, au centre, le reliquaire de 6 m de haut, imitation du Saint-Sépulcre- © Oro2b / CC BY-SA

Voir quoi ? 

L’église la plus insolite de France : il s’agit d’une œuvre en effet entièrement troglodytique, mais on ne vous parle pas d’une petite chapelle ! L’édifice mesure 27 m de longueur, 16 m de largeur et presque 20 m de haut dans la salle principale. Il est tout entier creusé dans le flanc d’une falaise, elle-même haute d’une trentaine de mètres. 

Mais rassurez-vous : l’église Saint-Jean est accessible depuis le sol, pas besoin d’escalader la paroi pour la visiter ! 

Cet étrange bâtiment ressemble un peu à un front de carrière réaménagé, mais pas du tout ! Depuis sa création, c’est bien un édifice de culte chrétien. 

Elle a été creusée sous les ordres de Pierre de Castillon, seigneur d’Aubeterre au XIIe siècle. Ancien Croisé, il a été inspiré par les églises troglodytiques qu’il a vues en Cappadoce (Turquie). L’église a été construite autour d’un magnifique reliquaire de pierre de 6 m de haut, sculpté à l’inspiration du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Il abritait des objets saints ramenés des croisades par Pierre de Castillon. Ce monument hexagonal placé dans l’abside de la salle principale est la pièce maîtresse de l’église.

Qu'est-ce que c'est ? 

Comme il a fallu composer avec la qualité de la pierre et le savoir faire des ouvriers, le plan de l’église est un peu irrégulier. 

L’entrée ouvre d’abord sur une première salle soutenue par des piliers. C’est l’église du XIIe siècle, prolongée de part et d’autre de la nef par 2 couloirs latéraux. C’est aussi depuis cette salle que se fait l’accès à la crypte. 

Plan de l'église Saint-Jean, dans D. Dessandier, E. Foerster, V. Marcelin, C. Mathon, O. Renault, M. Vincent, Diagnostic général de l'état de stabilité de l'église troglodyle d'Aubeterre sur Dronne (16) - Rapport BRGM RP-51796-FR - © BRGM
L'entrée de l'église - © Rémih / CC BY-SA

Le coup de cœur arrive surtout dans la salle suivante, la pièce maîtresse du sanctuaire : haute de 18 m, soutenue par deux énormes piliers monolithes, elle accueille 2 éléments architecturaux étonnants : le reliquaire géant et une fosse baptismale (à moins qu’il ne s’agisse d’un autre reliquaire) au fond sculpté en forme de croix, entouré de quelques sépultures. 

Vue des élévations de la salle principale. En haut, les arcades ouvrant sur le triforium - © Lamiot / CC BY-SA
Le reliquaire, taillé d'une seule pierre dans le rocher, comme le reste de l'édifice - © Lamiot / CC BY-SA

C’est toutefois à côté, dans une salle adjacente, que s’étend la véritable nécropole : dans une longue pièce rectangulaire, pas moins de 180 cuves sarcophages, creusées dans la roche, ont été décomptées. 

L'intérieur de la salle des sarcophages - © Lamiot / CC BY-SA
Le sol grêlé de fosses de la salle des sarcophages - © Lamiot / CC BY-SA

Enfin, la visite est sublimée par la possibilité de monter dans la galerie haute (le triforium), qui fait le tour de la grande nef sur 3 côtés et permet d’admirer de haut le volume de la salle.

 L'escalier d'accès au triforium (la galerie haute) - © Lamiot / CC BY-SA
Vue de la nef depuis le triforium. En bas à gauche, l'entrée de la nécropole ; à droite, l'escalier donnant accès au triforium - © Lamiot / CC BY-SA

Cette église n’était pas seule dans le paysage : c’est en fait celle du château, presqu’entièrement disparu, qui se trouvait au-dessus, au sommet de la falaise. Les deux édifices communiquaient entre eux par un couloir souterrain, dont le départ se voit encore bien au fond du triforium. Ce boyau est comblé et ne peut être exploré

Pourquoi y aller ? 

Pour l’insolite du lieu, avant tout, qui met bien en valeur l’originalité du caractère de Pierre de Castillon, car des telles réalisations sont rares.

Il existe quelques autres églises troglodytiques en France, mais peu sont visitables et, surtout, aucune n’est aussi vaste ! L’église d’Aubeterre-sur-Dronne a toutefois une sœur jumelle, légèrement moins haute, construite sur les ordres du même seigneur. Elle se trouve à Saint-Emilion (Gironde), un autre des fiefs de Pierre de Castillon. Un détour à faire quand vous passerez par-là, si la visite de l’église Saint-Jean vous a plu ! Celle de Saint-Emilion est au centre de l’agglomération, dans une configuration du paysage encore différente.

  L'église monolithe de Saint-Emilion - © M.Strīķis / CC BY-SA
  Et ne confondez pas l'église Saint-Jean avec la ravissante église Saint-Jacques, dans le village d'Aubeterre ! - © michael clarke stuff /CC BY-SA