La Maison Sublime
(Rouen, Seine-Maritime)
Présenté pour vous par Cécile, le 19 octobre 2022 - temps de lecture : 3 mn
Temps de visite estimé : 1 h, entrée payante - visite guidée obligatoire
Niveau de difficulté : facile, mais environnement souterrain : ce n'est pas une visite pas pour les claustrophobes
Voir quoi ?
Les vestiges tout juste rouverts au public (2022) de l’un des rares bâtiments hébraïques bien conservés en France, fouillé en 1976, et datant du XIIe s. Double originalité, donc ! Le site tire son joli nom d’une inscription gravée sur un mur : « que cette maison soit sublime », un extrait du Livre des Rois (I, 9, 8), dans l’Ancien Testament. La découverte de l’édifice se fait dans une ambiance on ne peut plus mystérieuse : les vestiges (très bien conservés) sont en effet cachés en sous-sol, sous la cour du magnifique palais de Justice Renaissance !
Qu'est-ce que c'est ?
Le grand nombre de graffitis en hébreu retrouvé sur les murs ne laissent planer aucun doute sur le caractère judaïque de l’établissement, mais sa vocation, en revanche, est longtemps restée incertaine. S’agissait-il de la maison d’habitation d’un riche marchand ? Non, des documents médiévaux permettent d’affirmer qu’il s’agit d’une yeshivah, une école rabbinique où sont étudiés les textes sacrés… et pas n’importe laquelle : la maison d’étude de Rouen était en effet l’une des plus réputées de France !
En 1306, le roi Philippe le Bel ordonne l’expulsion des Juifs du royaume et la confiscation de leurs biens. La yeshivah est alors transformée en maison d’habitation pour une famille chrétienne, avant d’être finalement rasée au tournant du XVIe siècle pour permettre l’extension de ce qui était alors le Parloir des Bourgeois (l’ancêtre du Parlement de Normandie) et l’Échiquier (l’ancêtre du palais de Justice). Son rez-de-chaussée a été redécouvert en 1976 lors de travaux dans la cour du tribunal.
Pourquoi y aller ?
Pour mieux comprendre quelle était la vie de la communauté juive de Rouen au Moyen Âge, mais aussi comment le quartier a évolué à la fin du Moyen Âge, quand les bâtiments médiévaux ont été détruits puis comblés pour accueillir le chantier de construction du Parlement. L’histoire médiévale des Juifs de France n’est pas très connue du grand public et elle est encore plus rarement documentée par l’archéologie monumentale ! Et là, le bâtiment est conservé jusqu’au premier étage, en plus, une rareté !