5 grandes civilisations à découvrir par le cinéma
5. Rashōmon et le Japon médiéval
Raconté pour vous par Cécile, le 29 mars 2021 - temps de lecture : 3 mn
Rashōmon (1950)
Il y a énormément de films historiques sur le Japon médiéval… mais si vous ne parlez pas le japonais, vous n’y aurez guère accès. Rashōmon, chef-d’œuvre d’Akira Kurosawa, est l’un des seuls qui a été largement distribué.
Il s’agit d’une intrigue policière et psychologique assez retors, qui prend place à la fin de l’ère Heian, au XIe ou XIIe s. et se déroule à Kyoto, sous la "Porte des Démons" (Rashōmon) et dans la campagne boisée alentours.
Il y est question de castes sociales, de meurtres, d’honneur, de samouraïs et de femmes à la beauté ensorcelante. Un thriller très bien mené qui plonge dans un Japon méconnu des Occidentaux.
Car finalement, ont ne connaît souvent du Japon pré-industriel que les temples, les samouraïs et les grands seigneurs des XVIIIe et XIXe s., et l’on se représente la société japonaise comme figée dans un temps féodal sans grand changement jusqu’à la fin du XIXe s.
La situation est naturellement beaucoup plus nuancée.
Entre le XIIe et le XVIe s., le Japon connaît une période qui ressemble, de fait, au Moyen Âge européen : c’est la période de construction des grands châteaux, fruits de rivalités entre seigneurs de guerre entretenant une forme de système féodal et de l’émergence d’une forme particulière de chevalerie : la caste des samouraïs.
La société, très hiérarchisée, comprenait ainsi les paysans, les marchands, les guerriers, les seigneurs, les souverains et les moines.
A côté de la religion traditionnelle, le Shintō, le bouddhisme, importé de Chine, influençait la politique, tandis que, depuis l'ère Heian surtout, les villes se développaient, à l'image de la capitale, Kyōto .
Ceux qui voudront véritablement s'imprégner de la culture japonaise de l'ère Heian pourront lire le très beau roman Le Dit du Genji, écrit par Dame Murasaki Shikibu, une poétesse de la cour au service de l'impératrice Shōshi , épouse de l'empereur Ichijō. Bien que le style soit déroutant, on se laisse bercer par le déroulé des événements, qui immergent le lecteur dans les intrigues de la cour impériale du XIe s., et permet de saisir les rapports entre le Japon, la Chine et la Corée, ou bien d’observer la coexistence des deux religions principales, le bouddhisme et le shintoïsme.