Raconté pour vous par Cécile, le 20 septembre 2021 - temps de lecture : 5 mn
Quand ? de 3 000 avant notre ère au XIVe siècle - Où ? Partout en Italie
La sélection de la semaine dernière vous a fait explorer le Mezzogiorno, les régions du Sud.
Nous remontons progressivement la jambe de la botte italienne par les Apennins, jusqu'aux Alpes, toujours à la découvertes de sites archéologiques sortant des circuits touristiques habituels.
Ceux que nous vous montrons ne sont pas très fréquentés (du moins par des visiteurs étrangers), mais ce n'est pas pour autant qu'ils sont négligeables ou de second choix !
Ils n'en sont que plus originaux.
Bonne découverte de la moitié nord de l'Italie !
S’il y a bien une région sur-fréquentée en Italie, c’est la Toscane !
Pourtant, nous y avons trouvé un petit bijou de site archéologique, aussi inattendu qu’enthousiasmant : le Bagno Grande, des bains romains associés à un sanctuaire dédié à Apollon et à la Fortune, dont l’origine semble remonter à la période étrusque.
Vous me direz que des thermes romains, ce n’est pas très original, d’autant que ceux-là n’ont rien de monumental : il s’agit de deux piscines accolées et un petit bassin, alimentés naturellement par une source d’eau chaude.
Le sanctuaire, en cours de fouille, n’est pas encore très bien mis en valeur non plus.
Alors, quoi ?
Et bien le charme incomparable du site vient du fait … que l’on peut se baigner dans les piscines romaines, qui sont en libre accès.
Eh oui, il reste encore quelques endroits bien cachés au cœur de l’Italie touristique capables de créer une telle émotion de contact direct avec le passé !
Pourquoi le site n’est pas surpeuplé ?
Tout simplement parce que San Casciano dei Bagni, comme son nom l’indique, est dans une région thermale pleine d’établissements de bains contemporains et luxueux que les touristes préfèrent... mais ces piscines chauffées sont aussi beaucoup moins simples et naturelles que celles que nous vous présentons !
Après tout, n’est-ce pas là le charme de l’ancien ?
Le Frioul-Vénétie Julienne, c’est avant tout la région des Alpes Juliennes et de la partie est des Dolomites, ces fantastiques pitons rocheux dominant les montagnes.
On oublie cependant que le littoral ouvert sur l’Adriatique est également magnifique. Là, le joyau archéologique de la région, c’est la ville antique et médiévale d’Aquilée, avec son forum, son théâtre, ou encore sa merveilleuse basilique paléochrétienne…
Oui, mais nous vous emmenons ailleurs, dans la partie la plus exotique de l’Italie, à sa frontière avec la Slovénie.
Là s’étend la superbe ville de Trieste, que nous vous invitons à découvrir par ses sous-sols.
Dans le centre se trouve les vestiges de l’une des plus anciennes églises d’Europe : la basilique paléochrétienne de Trieste (fin du IVe s.-VIe s.).
Le site est fameux pour ses très belles mosaïques aux pavements superposés, visibles sur place, et dans un hall d'exposition attenant.
Beaucoup d’autres vestiges romains conservés dans la ville, dont le forum, le théâtre et l’aqueduc, permettent de se rendre compte de l’importance de la ville à l’époque antique.
En remontant depuis Trieste plus haut dans la montagne, ne manquez pas non plus le mystérieux « hypogée celtique » de Cividale del Friuli, ravissante bourgade !
C'est un profond monument souterrain de plusieurs pièces aménagées et décorées de sculptures, rattaché à la Protohistoire, mais dont la fonction comme la datation précises restent en fait inconnues.
Il faut dire que l'étrange édifice a resservi tout au long des siècles, pour les usages les plus divers, ce qui n'aide pas à comprendre son rôle initial.
Comme quoi l’Italie recèle encore bien des énigmes archéologiques !
Nous avons déjà évoqué les sociétés palafittes dans l’article consacré à la Suisse, mais ce n’est pas une spécialité de nos voisins helvètes. Ces communautés du Néolithique, de l’Âge du Bronze et de l’Âge du Fer ont occupé aussi les bords de plusieurs lacs alpins d’Italie, de France, d’Autriche et de Slovénie.
A bord du très beau lac de Ledro, le village que nous vous présentons a été occupé entre 2 200 et 1 350 avant notre ère, durant l’Âge du Bronze.
Plusieurs maisons sur pilotis reconstituées et un très intéressant musée permettent de se projeter dans la vie de ces Alpins d’il y a plusieurs milliers d’années, eux qui construisaient leurs étonnants villages, perchés sur des forêts de pieux, sur les rives humides des lacs.
Cette petite originalité a permis la conservation exceptionnelle de tout le mobilier de bois, cuir, tissu et autres matières organiques qu’ils rejetaient par-dessus les passerelles.
Préservés du pourrissement dans l’eau et les boues pauvres en oxygène, tout ces objets sont parvenus jusqu’à nous pour mieux éclairer notre compréhension de leur vie quotidienne.
C’est ainsi que malgré leur ancienneté, les Palafittes sont beaucoup moins mystérieux que certaines autres sociétés plus récentes !
A 35 km du lac de Ledro, un autre village palafitte contemporain a été découvert et mis en valeur : celui de Fiavé
Plusieurs vues à 360°, dans lesquelles on peut se déplacer, de l’intérieur de cabanes reconstituées de Ledro ainsi que de la salle consacrée au Néolithique du musée Alto Garda sont accessibles dans la galerie de photos du site Archeotrentino.
Le Piémont, on ne le présente plus... La vallée d’Aoste, beaucoup plus petite, est moins connue. Pourtant, le Français reste encore la 2e langue officielle (tradition remontant au XVIe s., quand le secteur faisait partie du duché de Savoie) dans cette superbe petite région alpine. Goulet naturel de passage entre la France et l’Italie, cette vallée, pourtant encaissée, est depuis la Préhistoire une zone de brassage culturel actif, loin de l’image enclavée des vallées alpines.
Au IVe s. av. J.-C., c’était le territoire du peuple celte des Salasses, contre lesquels les Romains entrèrent en guerre aux IIIe et IIe s. av. J.-C., pendant la conquête et la pacification difficile de ce qu’ils appelaient la Gaule Cisalpine.
Deux cents ans de conflit pour un bout de vallée ??!
C’est que le secteur méritait qu’on se batte pour lui : au débouché sud de la vallée (actuellement dans le Piémont), le long versant de La Bessa était une immense mine d’or !
Et toute la montagne porte encore les stigmates de l’exploitation romaine.
Les textes anciens nous apprennent que les gisements étaient déjà exploités par les Salasses, mais leurs travaux ont été détruits ou recouverts par les ouvrages romains.
Claustrophobes bienvenus, car les vestiges visitables ne sont pas des tunnels creusés dans la roche, mais d’étranges et spectaculaires paysages de collines de millions de tonnes de galets, parmi lesquels se distinguent des chemins, des canaux et même les contours de bâtiments, tous en galets !
C’est que les particules d’or étaient prises dans une épaisse couche de terre et de cailloux, que les Romains, usant de toute leur ingénierie et de beaucoup, beaucoup d’eau, ont patiemment lessivé.
Ils récupéraient ainsi, au bout d’une très longue chaîne de travail, les paillettes d’or qu’ils convoitaient tant...et rejetaient les blocs, sans intérêt.
Les reliefs étranges que l’on parcourt sont les stériles, c'est-à-dire les déblais. Ils occupaient tellement de place que les mineurs ont fini par installer dedans leurs lieux de vie, à y tracer des voies et à y aménager les canaux nécessaires aux arrivées d’eau des secteurs en activités.
Il ne reste plus rien de la montagne initiale, transformée en ce sidérant paysage minéral, ou toujours rien ne pousse quelques 2 000 ans après la fin de l’exploitation.
Pour ce petit bonus nous vous proposons de retrouver une visite virtuelle guidée que nous vous avons déjà présentée : celle de la nécropole étrusque d’Orvieto, qui ressemble à une petite ville composée de maisons cubiques accolées les unes aux autres.
Découvrez ou redécouvrez ce joyau de l’architecture étrusque, qui nous en dit long sur la manière dont ce peuple légendaire concevait la mort.
Vous voulez en savoir plus sur les Étrusques ? Lisez nos deux articles sur la question, et revoyez notre visite virtuelle de la Tombe de la Chasse et de la Pêche !
Et voilà ! Nous espérons que ce tours d'horizon des richesses archéologiques des pays limitrophes de la France vous aura donné envie d'aller faire un tour chez nos différents voisins.
De l'autre côté de la Manche, il nous restera encore la Grande-Bretagne et l'Irlande à vous faire découvrir !