Les Étrusques en 10 questions
Qui sont les Étrusques ?
Raconté pour vous par Cécile, le 11 mai 2021 - temps de lecture : 4 mn
Où ? Italie, Sardaigne, Corse, France, Espagne - Quand ? vers 750 - vers 250 av. J.-C. - Période : âge du Fer - époque romaine
Civilisation étonnement méconnue du grand public, les Étrusques ont pourtant dominé, avant les Romains, la plus grande partie de la péninsule italique, durant près de 500 ans. Ils ont bâti un véritable empire maritime et commercial, étendant leurs réseaux économiques, par des comptoirs d’échange, dans tout l’ouest méditerranéen. Ce peuple puissant a laissé des réalisations artistiques raffinées et des vestiges archéologiques spectaculaires.
1. Où s’étendait l’Étrurie ?
Les territoires étrusques étaient vastes et se sont constitués dans le tiers central de l’Italie, entre le fleuve Arno au nord, et le Tibre au Sud, entre environ 800 et 750 av. J.-C.
Héritière de l’un des noms que les Latins donnaient aux Étrusques, appelés Tusci, la Toscane est le berceau de l’Étrurie, mais ses limites actuelles sont plus étroites que celle de l’Étrurie antique, qui englobait aussi le Latium jusqu’à Rome, et, vers l’intérieur du pays, une partie de l’Ombrie.
Entre 750 et 500 av. J.-C., les territoires sous domination étrusque se sont étendus à une partie de la plaine du Pô au nord (Émilie-Romagne), et vers le sud au littoral de la Campanie, soit par des alliances politiques et économiques avec les royaumes italiques voisins, soit par la force.
Au-delà de la péninsule italienne, les Étrusques avaient également installés d’importants comptoirs d’échange en plusieurs points de la Méditerranée occidentale.
C’était le cas d’Alalia / Aléria, en Corse, ou de Lattara /Lattes, à côté de Montpellier. Ils étaient en cela concurrents des Grecs et des Carthaginois pour la maîtrise des réseaux commerciaux par voies de mer.
Ces comptoirs n’étaient pas des colonies de peuplement, mais permettaient la diffusion de la culture étrusque très loin de la Toscane, par le biais des productions échangées (vins, céramiques, bronzes, orfèvrerie).
2. Comment connaît-on les Étrusques ?
Contrairement à ce qu’on s’imagine, les Étrusques n’ont jamais été un peuple mystérieux pour les Anciens, aussi sont-ils très présents dans la littérature antique.
Romains et Grecs ont eu fort à faire avec eux, et la fondation même de Rome est intimement liée à l’histoire de l’Étrurie, puisque la ville a été implantée dans une région sous domination étrusque et a développé son territoire au détriment de cette dernière.
Si ce peuple est encore curieusement présenté de nos jours comme mal connu, c’est simplement qu’il est très longtemps resté dans l’ombre de la recherche sur les Grecs du sud de l’Italie et sur les Romains.
Pourtant, de très nombreux sites archéologiques et même des textes en langue étrusque sont parvenus jusqu’à nous, nous permettant de bien comprendre l’évolution de leur histoire, de leur art et de leurs modes de vie.
3. Quels sont les sites étrusques les plus connus ?
De très nombreux sites archéologiques étrusques et musées d’archéologie étrusque fleurissent dans tous les coins de l’antique Étrurie. Toutefois, les sites les plus touristiques sont sans conteste les extraordinaires nécropoles de la Banditaccia, à Cerveteri, et celle de Monterozzi, à Tarquinia (voir notre visite virtuelle !), au nord de Rome.
Ces nécropoles sont celles d’importantes agglomérations, dont plusieurs ont été fouillées et sont visitables, comme Marzabotto, Caere-Cerveteri et son port, Pyrgi ou la magnifique Populonia. Vetulonia et Rosselle, célèbres pour leurs enceintes cyclopéennes, sont également très étonnantes. On n’oubliera pas d’autres sites impressionnants tels Orvieto, les remparts encore en élévation (par tronçons) de Tarquinia, Veies, Musarna, Pérouse, Volterra ou Chiusi.
Des vestiges étrusques se cachent en fait encore sous de nombreuses villes italiennes, comme Bologne, Pise, ou Arezzo.
Les agglomérations des VII-Ve s. av. J.-C. ont été recouvertes par les villes romaines, puis médiévales et modernes, de sorte que les vestiges étrusques sont assez mal conservés et profondément enfouis.
Les musées archéologiques de ces belles villes abritent cependant de très belles restitutions et des collections d’antiquités étrusques surprenantes !
Enfin, laissez-vous submerger par les merveilles de l’art étrusque en visitant la Villa Giulia, le musée de la civilisation étrusque de Rome… et n’oubliez pas que la capitale romaine a aussi été gouvernée par des rois étrusques aux VIIe et VIe s. av. J.-C.
Les apports étrusques à l’histoire romaine en termes d’art, d’artisanat, de médecine, ainsi que dans le domaine (fondamental à l’époque) des arts divinatoires sont très importants.
4. La redécouverte des Étrusques : l’exploration des grandes nécropoles
Du fait de leur exceptionnel état de conservation, ce sont d’abord les nécropoles qui ont attiré l’attention des archéologues des XIXe et XXe s., et ce sont encore les sites qui sont principalement mis en valeur. Les pratiques funéraires étrusques ayant évolué entre le VIIIe et le IIIe s. av. J.-C., elles offrent au visiteur une grande diversité de vestiges à admirer.
Pour les présenter simplement, disons qu’on peut les classer en 4 formes principales : les tumulus, les tombeaux troglodytiques et les hypogées (ces tombeaux souterrains dans lesquels on descend), enfin les tombeaux construits. Leur architecture interne et leur aménagement étaient très recherchés.
Elles reproduisent l’intérieur de maisons, aux parois et plafonds sculptées de colonnes et de poutres, incluant même parfois des éléments du mobilier, comme des consoles, tables et banquettes.
Les pièces étaient également richement décorées, de peintures murales d’une richesse incroyable. Enfin, un abondant mobilier accompagnait les défunts.
Un certain nombre de tombes inviolées ont pu être fouillées (plus ou moins scrupuleusement) depuis le XIXe s., mettant au jour de grandes pièces du mobilier funéraire, dont plusieurs sarcophages de terre cuite très célèbres et de merveilleux bijoux, répartis dans de nombreux musées dans le monde.
Ces tombes monumentales sont bien sûr celles des élites étrusques, le petit peuple étant inhumé dans des sépultures beaucoup plus modestes.
5. ... Et leur vie quotidienne ?
En dehors des pratiques funéraires, de nombreux aspects de la vie quotidienne, de l’habitat, de la vie économique ou des pratiques religieuses sont également bien compris. Hélas, les vestiges des temples, maisons, quartiers artisanaux ne sont pas faciles à mettre en valeur, car les bâtiments étaient souvent élevés en terre et bois, ou bien ont été transformés au fil des siècles et refaits à la mode romaine, comme les temples.
C’est alors par le mobilier usuel, en particulier les formes et qualités de poterie, et par les éléments subsistant de l’ornementation des bâtiments publics et privés que l’on peut restituer l’architecture détaillée et les usages qui étaient faits des édifices mis au jour. C’est ainsi que les façades et toitures des deux grands temples de la ville portuaire de Pyrgi (Cerveteri), par exemple, ont pu être entièrement reconstitués.
La visite de certaines tombes luxueuses donne une bonne idée de ce à quoi ressemblaient les habitations riches, car ce sont des versions simplifiées des plans de maisons, comme c’est bien visible à Cerveteri, par exemple dans les impressionnantes tombes des Boucliers et des Sièges (fin VIIe-VIe s. av. J.-C), ou la spectaculaire tombe des Reliefs (IVe s. av. J.-C.).
Il reste également d’exceptionnels objets d’artisanat, visibles dans différents musées, témoignant du savoir-faire technique des Étrusques dans de nombreux domaines, en particulier la céramique.
La terre cuite avait des usages très divers. Elle était utilisée prosaïquement de briques, tuiles, pavés ou tuyaux, mais aussi pour la fabrication de vases de diverses formes, plus ou moins précieux, de sculptures, ou de décors architecturaux (antéfixes et frises par exemple).