Un métier mortel !

5 morts violentes d'archéologues

Raconté pour vous par Cécile, le 03 juillet 2022 - temps de lecture : 3 mn

Quand ? XIXe, XXe et XXIe siècles  - Où ? Égypte, Pologne, Syrie, Israël, Brésil

Le grand air, la nature, l’exercice physique, tout ça, c’est bon pour la santé. Oui, mais pas toujours pour les archéologues, qui risquent parfois leur vie sur le terrain !

Voici quelques unes de ces morts violentes, à faire froid dans le dos. De quoi passer l’envie de faire de l’archéologie son métier, et de quoi ramener à la réalité ceux qui penseraient que les archéologues des films d’aventure sont représentatifs des vrais !

Encore qu’en terme d’aventure, on n’est souvent pas loin de scénarios de films, vous verrez...

1. La malédiction de Toutankhamon

Statue de bois recouvert d'or du jeune pharaon Toutankhamon. Exposition "Treasures of the Golden Pharaoh", Londres 2020 - © Amanda Slater / CC BY-SA

Impossible de ne pas commencer par l'affaire la plus célèbre, celle de la malédiction du pharaon Toutankhamon : les archéologues liés à l’ouverture de sa tombe, en novembre 1922, seraient tous morts rapidement, dans des conditions mystérieuses ! 

Cette histoire a été relayée dans les journaux dès avril 1923, à partir de l’annonce de la mort de Lord Carnavon, 57 ans, le financeur du projet de recherche

Les archéologues auraient enfreint l’avertissement de la chambre funéraire, qui disait « la mort touchera de ses ailes quiconque troublera la paix du pharaon ». Dans le contexte général d’égyptomanie et d’occultisme à la mode dans les années 1920, le décès de Lord Carnavon ne pouvait que confirmer l’existence d’une horrible vengeance du pharaon ! 

Photographie de l'intérieur de l'antichambre du tombeau, prise au moment de l'ouverture, en 1922 - © Harry Burton (1879-1940) / Public domain
Plan de la tombe de Toutankhamon - © Illustrer.fr, dans Science & Avenir, 21/04/2016

A chaque mort d’une personnalité liée à l’aventure, la presse surenchérissait sur la malédiction des profanateurs de tombes

Ces décès n’avaient cependant rien de surnaturels et leurs causes étaient banales à l’époque (insolation, pneumonie, accident, tumeur…). Lord Carnavon, de santé très fragile, est mort d'une septicémie.

Le responsable des fouilles – et donc le principal coupable, le célèbre Howard Carter, est pour sa part mort 17 ans après l’ouverture de la tombe

Le médecin ayant autopsié la momie (profanation suprême), est même mort à 87 ans, en 1961. Quant à Lady Carnavon, âgée de 21 ans en 1922, qui pénétra dans la chambre funéraire en premier, avec son père, elle est morte en 1980 après avoir étudié le tombeau toute sa vie. 

Comme quoi le pharaon n’était pas si rancunier… 

Lord Carnavon (à droite) sortant de la tombe de Toutankhamon, avec Sir Howard Carter - © Harry Burton (1879-1940) / Public domain

2. Hécatombe dans l'équipe d'étude de la tombe du roi Casimir !

Il a même été écrit que les membres de l’équipe de fouille de la tombe de Toutankhamon étaient morts intoxiqués par une moisissure microscopique, issue de la décomposition des offrandes, qui se serait développée pendant plus de 3 000 ans à l’intérieur du tombeau, avant d’être brutalement mise en mouvement lors des travaux d’ouverture des portes, et finalement inhalée par les archéologues.

Si l’hypothèse s’est révélée fausse dans le cas égyptien, elle reste plausible dans celui d’une autre aventure archéologique aux macabres conséquences : la fouille du sarcophage du roi Casimir IV Jagellon, qui régna sur la Pologne entre 1447 et 1492. La tombe, bien connue, se trouve dans la cathédrale du Wawel, à Cracovie, et a été ouverte en 1973. 

Le tombeau en marbre de Casimir IV de Pologne -© Robert Szwedowski / East News 
Détail du gisant de Casimir IV- © M. Grychowski, d'après "Wokół Wita Stwosza", catalogue d'exposition, Musée national de Cracovie, 2005, p. 59

Sur les 12 membres de l’équipe qui en étudièrent l’intérieur, 4 sont morts quelques jours après l’ouverture du tombeau, et 6 dans les 6 mois suivants ! L’un des 2 survivants procéda à des examens microbiologiques et constata la présence dans le sarcophage, sur les os et les objets qu’il contenait, de différences espèces de champignons microscopiques, dont les spores inhalées pouvaient être mortelles si elles se développaient dans les poumons. Pourtant, ces souches fongiques ne causent pas de grosses infections dans des corps sains… 

Les scientifiques étaient-ils en mauvaise santé, ou bien Casimir IV ne leur aurait-il jamais pardonné d’avoir violé sa sépulture ?

3. Le sacrifice de Khaled Al-Asaad

Aucun malédiction venue d’outre tombe dans la mort épouvantable de Khaled-al-Assad, le conservateur en chef du site archéologique de Palmyre, en Syrie, même si l’on peut considérer que l’obscurantisme est une malédiction. Son décès nous renvoie aux heures sombres de la guerre en Syrie, en 2015, lors de l’avancée de l’État Islamique par l’Est du pays.

Khaled Al-Asaad et les vestiges de la ville antique de Palmyre - © France TV, extrait du JT de France 2 du 19/08/2015 , en ligne.

L’archéologue a été pris en otage en mai, lors de la prise de Palmyre, et gardé vivant dans l’idée qu’il révèlerait l’emplacement de trésors cachés, purs produits du délire de ses persécuteurs. Il a finalement été décapité publiquement en août. Son assassinat a accompagné le dynamitage des vestiges antiques et, bien sûr, le pillage du musée, dans une grande opération de propagande de l’Armée Islamique.

4. La mort tragique d'Ehud Netzer

Peut-on appeler ça un décès sur son lieu de travail ? L’archéologue israélien Ehud Netzer est en effet mort sur le chantier de fouille qu’il a dirigé 30 ans durant, en Cisjordanie. Il y fouillait l’Herodion, le palais-forteresse du roi Hérode (oui, le roi contemporain de Jésus Christ) et avait découvert la tombe du souverain. 

Vue aérienne de l'Herodion, colline artificielle recouvrant le palais-forteresse du roi Hérode - © Asaf T. / Public Domain
Ehud Netzer - © David Silverman / Reuters

Durant la campagne de fouille de 2010, il est mort des suites d’une chute de 3 m de hauteur, causée par la rupture accidentelle d’une rampe de sécurité, à l’âge de 76 ans.

Les accidents sur les chantiers de fouilles ne sont heureusement pas souvent mortels, mais ils sont fréquents et rappellent que le travail de terrain n’a rien d’une promenade de santé. 

En dépit de conditions de sécurité strictes, les problèmes sont toujours possibles.

5. L'assassinat de James Petersen

Et pour finir, il y a les malchanceux qui n’ont rien fait de spécial… à part fouiller dans un pays au taux de criminalité élevé. C’est la triste histoire de James Petersen, mort au Brésil en 2005. Cet éminent archéologue et anthropologue a été tué par balle, par un voleur qui venait d'attaquer le restaurant dans lequel il se trouvait avec ses collègues.

Quelques uns des sites archéologiques précolombiens mis au jour dans le cadre du Central Amazon Project - © Central Amazon Project, dans M. Arroyo-Kalin, The Amazonian Formative: Crop Domestication and Anthropogenic Soils, Diversity 2010, 2, p. 473-504.  

Rien à voir avec la pratique de l’archéologie ? S’il se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment, c’est tout de même en lien avec sa spécialité, car il était en Amazonie dans le cadre de ses recherches de terrain. Au sein du programme Central Amazon Project, il travaillait en effet sur les cultures précolombiennes de la région de Manaus. Avec ses collègues, il avait montré que les populations anciennes pratiquaient l’agriculture, dans des espaces défrichés et amendés, sur un sol artificiel très particulier, la « terra preta ». 

Alors, vous avez toujours envie de devenir archéologues ?

Comparez les carrières des héros, réels et imaginaires, de nos articles en relisant Des archéologues... qui ne font pas du cinéma.

Et vous, quel archéologue êtes-vous ?

Et vous n'avez pas tout lu ! 

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