Histoire et Archéologie autour d'Halloween
Raconté pour vous par Maxence, le 25 octobre 2020 - temps de lecture : 3 mn
La période est celle de la Toussaint, où l'on célèbre nos proches disparus. Mais depuis quelque temps déjà, c'est la fête (très commerciale) d'Halloween qui a pris le devant de la scène. Elle est l'équivalente celte de la fête des morts, exportée en Amérique avec les migrants irlandais et anglo-saxons. Château hanté, vampires, citrouille et mauvais sorts en sont les symboles les plus connus.
Mais quelle est la réalité de tout ça ?
Le château de Dracula
Halloween ne serait rien sans château sinistre ou sans maison hantée. Le château de Bran fera sans doute l’affaire. L’auteur de Dracula n’est jamais allé jusque là bas. C’est par la volonté de la Roumanie communiste de développer son tourisme que ce château, où le fameux Prince Vlad (dit « l’Empaleur ») a peut-être brièvement séjourné, a été mis en avant comme celui de Dracula ! Posé sur une hauteur, isolé dans une région de montagnes et de forêts, c’est devenu une attraction digne de Disneyland, où l’effroi a depuis longtemps cédé la place au mauvais goût !
Dracula et autres vampires
Quelques découvertes archéologiques ont conduit à exhumer des corps qui avaient subi de drôles de traitements : en Pologne, plusieurs squelettes avec la tête coupée et placée entre leurs jambes ; sur l’île de Lesbos (Grèce), un homme fixé au sol par plusieurs pieux en fer ; sur une île au large de Venise, le corps d’une vieille femme avec... une brique dans la bouche. Une même pratique a été observée chez un enfant découvert près de Lugano, mais aussi, à de nombreuses reprises en Bulgarie (on se rapproche des Balkans et du fief de Dracula !). Dans le Connecticut, la tombe singulière d’un homme enterré vers 1800 est également considérée comme celle d’un vampire : la tête a été rabattue sur le torse et les membres repliés.
Bien sûr, aucun vrai vampire dans tous ces exemples (en tout cas on l’espère !). Mais ces pratiques sont toutes connues dans les traditions locales, et destinées à éviter que les personnes enterrées ne reviennent hanter les vivants. Quant aux raisons de pratiquer de tels traitements, il faut sans doute chercher dans certaines maladies (tuberculose, malaria) à l’origine d’un aspect particulier des individus ou de comportements étranges !
Les sorcières
Monstres, vampires, fantômes et, bien sûr, sorcières. On connaît le sort malheureux des sorcières (ou plutôt des femmes désignées comme telles) entre la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne. Brûlées, noyées ou décapitées, ce sont plus de 50 000 femmes qui ont subi ce sort en deux siècles. Alors bien sûr, les cadavres attestées de sorcières ne sont pas légion. Peut-être ce corps de femme découvert à Albenga, face contre terre pour montrer qu’elle n’appartenait pas à la communauté ? Plus certainement, cette petite fiole découverte en Angleterre a livré une mixture bien singulière : urine, soufre, clous, épingles, touffes de cheveux, rognures d’ongles et petit fragment de chair... tout cela pourrait bien être une potion maléfique !
Trick or Treat (1)
Pas d’Halloween sans bonbons, mais pas de bonbons sans sucre ! Exploitée par les Perses (qui en extrayaient déjà le sucre), la canne à sucre a été progressivement cultivée au Moyen Orient et en Afrique du Nord par les Arabes. Avec les Croisades, la canne à sucre s’étend en Méditerranée. On connaît ainsi de grandes exploitations médiévales et modernes sur l’île de Chypre, avec aqueducs, moulins et toute la chaîne de transformation. Quant au sucre américain, il est issu de cannes à sucre introduites par les Européens. Pour ce qui est des bonbons, on suppose que mâcher une canne à sucre ou manger du miel a suffi aux enfants (et aux grands) pendant bien longtemps !
Trick ot Treat (2)
Des bonbons ou un sort ! Si vous avez oublié de préparer des sucreries, la malédiction tombera sur vous. Et rien de nouveau, car maudire autrui est une tradition ancienne. On espérait ainsi nuire à un voleur, un concurrent ou à l'amant (ou la maîtresse) de son conjoint en toute impunité ! Ainsi ce Romain habitant la ville de Leicester, qui a fait graver une tablette demandant au dieu Maglus de tuer celui qui lui avait voler son manteau ! On n’en connaît pas la raison, mais la malédiction lancée par Kyrilla, une femme qui a vécu à Jérusalem à l’époque romaine, fait appel à 6 divinités de 4 religions différentes (grecque, romaine, babylonienne et gnostique) ! Une façon, peut-être, d’en garantir le succès ?
Chauve-souris ou vampire ?
Qui dit vampire, dit chauve-souris. Le brave animal a souvent été relégué comme une créature maléfique ou magique, sans doute à cause de son aspect et de sa vie nocturne. C'est le cas chez les Mayas avec la divinité Camazotz (associée à la mort), chez les Romains (on la sacrifie pour protéger les enclos à bétail), ou encore dans l'antique Macédoine (animal magique et apportant le bonheur).
Aussi loin qu'on puisse remonter, l'Homme a côtoyé la chauve-souris, et plus encore lorsque les grottes étaient les principaux abris. Son association au vampire pourrait venir d'Amérique du Sud, où les très grandes espèces se nourrissent du sang des mammifères. Une espèce disparue a d'ailleurs été nommée Desmodus Draculae ! Ainsi un personnage de la mythologie maya, Zotzilaha, est-il représenté avec un corps d'humain, une tête de chauve-souris et un nez en forme de poignard.
Un ancêtre de Dracula ?
La citrouille de Jack'o'Lantern
Pas d’Halloween sans lanterne creusée dans une citrouille ! Et pourtant, à l’origine, cette lanterne était creusée dans ... un navet ! Car la citrouille n’existait pas en Irlande, d’où est originaire Halloween, et c’est uniquement lorsque la fête a été importée aux USA avec les émigrations successives que la citrouille a été adoptée. Et d’ailleurs, ce légume de la famille des cucurbitacées est connu depuis des millénaires en Amérique du Sud et en Amérique centrale. Et c’est donc probablement du Mexique, où les découvertes archéologiques et la génétique montrent qu’elle est domestiquée depuis 8000-10 000 ans, que la citrouille est arrivée. Fête celtique et citrouille mexicaine, un bel hommage au melting pot américain !