Article anniversaire !

5 000 abonnés, 5 continents, 5 découvertes

Raconté pour vous par Cécile, le 12 juin 2021 - temps de lecture : 3 mn

Quand ? d'il y a 500 000 ans à il y a 500 ans - Où ? sur les 5 continents !

Le chiffre 5 serait-il le porte-bonheur d’ArchéOdyssée ?

Nous sommes en tout cas très fiers de fêter avec vous cette semaine, pour notre 50e semaine d’existence, notre 50e newsletter (vous n’êtes pas abonnés ? c’est ici), les 5 000 abonnés de notre page Facebook et les 500 abonnés de notre récente chaîne YouTube.

Ce beau départ, c’est à vous, chers lectrices et lecteurs, que nous le devons : un grand merci !

Nous vous proposons donc cette semaine un petit article spécial autour du chiffre 5 : voici 5 faits archéologiques marquants sur les 5 continents.

1. En Europe il y a 500 000 ans : les chasseurs de cerfs de Tautavel (France)

Vue aérienne de la Caune de l'Arago - CERPT / coll. Grands Sites Archéologiques

La grotte de la Caune de l’Arago à Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales, est célèbre parce que c’est l’un des sites préhistoriques les mieux étudiés du monde et l’un de ceux sur lequel l’occupation a été la plus longue jamais enregistrée : des groupes humains se sont en effet succédé dans la grande grotte entre 560 000 et 100 000 avant le présent !

Il y a 500 000 ans, des Homo Heidelbergensis y avaient installé un campement de chasse saisonnier, pour passer l’automne et l’hiver. Le principal gibier était le cerf élaphe et le daim, comme le montre les très nombreux restes osseux mis au jour dans la couche archéologique correspondant à cette époque (le niveau J).

L'environnement de la Caune de l'Arago il y a environ 500 000 ans dans la vallée du Verdouble. Au premier plan, un chat sauvage, espèce qui apparaît à l'époque - CERPT /collection Grands Sites Archéologiques - dessin E. Guerrier

Ils évoluaient dans un environnement tempéré et forestier, à côté du Verdouble, la rivière actuelle qui coulait déjà en contrebas de la grotte, dont les galets ont fourni la matière première de leurs sommaires outils de pierre. Le feu n’était pas encore domestiqué et les humains mangeaient donc cru !

Le célèbre crâne de l'Homme de Tautavel (Arago 21), plus jeune que les chasseurs du niveau J, mais de la même espèce - Luna04 / CCO

Le plus célèbre représentant européen d’Homo Heidelbergensis est un « proche » descendant des chasseurs du niveau J : c’est l’Homme de Tautavel, mort il y a 480 000 ans, dont le crâne a été exhumé dans les niveaux supérieurs de la même Caune de l’Arago.

2. En Australie, il y a 50 000 ans : vestiges des premiers Hommes sur le continent rouge, à Madjedbebe

Vue générale du chantier de fouille en 2017 - Dominic O'Brien / Gundjeihmi Aboriginal Corporation

Les plus anciens témoignages de la présence humaine en Australie ont été découverts sur le site de Madjedbebe, en Terre d’Arnhem, au nord des Territoires du Nord. Ce site remarquable a été interprété comme un campement saisonnier, où des groupes humains faisaient halte pendant la saison sèche, profitant de l’ombre des surplombs rocheux abritant le pied d’une haute falaise, le long d’une plaine alluviale humide.

Ce gisement a livré plus de 10 000 artefacts, parmi lesquels divers outils en pierre taillée, dont des haches et des meules, mais aussi des objets et restes en os, des coquilles d'huitres, des restes de plantes ... et de nombreux crayons d'ocre, avec lesquelles les artistes de Madjedbebe ornaient le mur de la falaise d'extraordinaires peintures.

Ce n’est pas le seul site archéologique daté de 50 000 ans : dans le Sud de l’Australie, les vestiges mis au jour à Mungo Lake sont aussi dans ce cas.

A Madjedbebe, de récentes datations proposent toutefois de faire remonter jusqu’à 65 000 ans la toute première occupation, ce qui en ferait de très loin la plus ancienne trace humaine sur le continent, et remet en jeu la question de la chronologie de la diffusion de l’Homme moderne en Asie.

Illustration : un exemple de mobilier lithique utilisé par les Hommes de Madjedbebe entre 50 000 et 15 000 ans avant le présent : en haut et en bas deux haches, dont une polie; au centre une meule de pierre orangée ; à droite un galet taillé en pointe - Dominic O'Brien / Gundjeihmi Aboriginal Corporation
Poisson peint à l'ocre et en transparence (la colonne vertébrale et les arêtes sont visibles) il y a 15 000 ans - Photo : Joakim Goldhahn, dans David et al. 2017 : The Archaeology of Rock Art in Western Arnhem Land, Australia

Le site a également livré, sur les parois de la falaise dominant le site, de magnifiques ensembles de peintures rupestres, réalisées depuis la première occupation du site jusqu’aux premiers contacts avec les Blancs, au XIXe s. : empreintes de mains, traits et points, animaux, silhouettes humaines… Les mises en scènes sont à la fois claires et mystérieuses.

Peinture à l'ocre représentant un fusil et une silhouette vêtue à l'européenne et fumant la pipe, il y a environ 150 ans - Photo : Sally K. May dans David et al. 2017 : The Archaeology of Rock Art in Western Arnhem Land, Australia

Les artistes de Madjedbebe se sont exprimé sur ces parois, pendant 50 000 ans, en illustrant la falaise d’éléments de mythes, d’événements symboliques ou d’expériences diverses (chasses, rassemblements, représentation d’un colon, de fusils...) dont la portée nous échappe toutefois largement, pour les œuvres les plus anciennes.

Il ne nous reste plus qu’à admirer cette superposition étonnante d’occupations humaines sur un même site, témoin précieux de la profondeur et de la richesse de l’histoire australienne.

3. En Asie il y a 5 000 ans : les premières cités-États

Carte : manuel scolaire de 6e

En Mésopotamie, vers 3 000 av. J.-C., les bouleversements du Néolithique (voir notre vidéo « Qu’est-ce que le Néolithique ? ») ont donné naissance à une forme d’organisation sociale et politique qui aurait de long siècles de prospérité devant elle : la cité-état.

La différence avec les agglomérations (parfois très vastes) qui existaient déjà, depuis 9 500 av. J.-C. environ, c’est que les cités-États cumulent quatre grandes caractéristiques :

1/ elles sont le siège d’un pouvoir centralisé et bien hiérarchisé, qui assoit son administration sur la maîtrise de l’écriture (pour les comptes, les impôts, les archives …) ;

2/ le pouvoir, aux mains d’un roi, est soutenu par une armée de métier ;

3/ elles s’imposent comme d’importants lieux d’échanges et de production ;

4/ elles abritent un sanctuaire majeur.

Restitution virtuelle du centre de la cité-État d'Uruk vers 2100 av. J.-C. Au centre, la grande ziggourat, le temple de la déesse Inanna-Ishtar - artefacts-berlin.de

Cette ville capitale, à l’urbanisme toujours soigneusement planifié, est la principale, voire la seule agglomération du territoire qu’elle contrôle.

Quoique très puissantes, ces cités-États contrôlaient des espaces plutôt petits, mais étendaient leur influence, souvent économique, sur de vastes réseaux.

Uruk (Warka, Irak), vue actuelle des vestiges de la grande ziggourat - Essam al-Sudani / AFP

Entre le Tigre et l’Euphrate (Irak, Iran et Syrie), elles étaient très nombreuses a avoir vu le jour, au cours des IIIe et IIe millénaires av. J.-C. Ur, Uruk, Mari, Ebla, Sumer, Akkad ou plus tard Babylone

Ces noms mythiques sont ceux des immenses villes dont les vestiges de briques crues des palais, temples et remparts ont été redécouverts au XIXe s.

Les vestiges de la ville antique d'Harappa (Pakistan) - Shefali 11011 / CC BY-SA

Hors de la Mésopotamie, d’autres cités-États ont vu le jour presque en même temps. En Égypte, la fondation légendaire de Memphis par le pharaon Menès remonte à 2925 av. J.-C. Dans la vallée de l’Indus, les immenses villes de Mohenjo Daro (40 000 habitants) et Harappa (25 000 habitants) se sont développées vers 2600 av. J.-C.

Les vestiges du palais dit "de Minos", à Cnossos (Crète) - Silar /CC BY-SA

Le principe de la cité-État a pris forme beaucoup plus tard autour de la mer Egée, à l’âge du Bronze et l’âge du Fer, entre 1800 et 600 av. J.-C., dans le monde minoen (Santorin, Cnossos…), mycénien (Mycènes, Troie…), puis grec, comme Athènes et Sparte.

4. En Amérique, vers 500 ap. J.-C. : la culture des Basketmakers (États-Unis)

Cliff Palace, l'un des plus beaux village de Mesa Verde (Colorado) - John Fowler /CC BY-SA

Le grand public européen connaît rarement l’histoire précolombienne de l’Amérique du Nord, et c’est vraiment dommage ! Voici un rapide éclairage sur l’une des cultures qui s’est développée dans la région actuelle des « Fours Corners », dans le Sud-ouest des États-Unis, au croisement des états actuels de l’Arizona, de l’Utah, du Colorado et du Nouveau-Mexique.

Ce secteur extrêmement riche en vestiges archéologique est surtout célèbre pour les merveilleux villages de briques et de pierre cachés sous les falaises de Mesa Verde et Chaco Canyon. Ces incroyables constructions sont l’œuvre des Anasazis, dont les cultures, dites « Pueblo », se sont épanouies entre les années 750 et 1300 ap. J.-C.

Leurs prédécesseurs sont les Basketmakers, les « fabricants de paniers ».

Ces populations doivent leur nom étrange au très grand nombre d’ouvrages en vannerie qui sont parvenu jusqu’à nous, grâce au climat d’extrême sécheresse de cette partie des États-Unis.

Les Basketmakers sont apparus vers 1500 av. J.-C. et ont cédé la place aux Anasazis vers 750 de notre ère.

Panier de la période Basketmakers III (vers 450-vers 750) - Mesa Verde Museum / NPS photographer /Public domain
Un campement Basketmakers à Mesa Verde, vers 500 de notre ère. Diorama du Mesa Verde National Park Museum- ArchéOdyssée

En 500 ap. J.-C., ils commençaient à se sédentariser, autour de la culture saisonnière du maïs, mais vivaient encore essentiellement de la chasse (du daim et du lapin principalement) et de la cueillette. Ils ne connaissaient pas encore la poterie mais étaient passé maîtres dans l’art de la vannerie, à l’aide de laquelle ils fabriquaient toutes sortes de paniers, dont certains, enduits d’argile, étaient étanches et pouvaient être portés au feu. Ils tissaient également des cordes, sandales, vêtements, tabliers. Leurs biens et récoltes étaient conservés dans des fosses creusées dans le sol et couvertes, qui servaient aussi occasionnellement de tombes.

Les premières maisons en dur ("pit houses") des Basketmakers, à Mesa Verde, vers 600 de notre ère. Diorama du Mesa Verde National Park Museum- ArchéOdyssée

Ils vivaient à l’abri des surplombs rocheux protégeant les fonds de canyons, mais la fin de la période voit l’apparition des premières maisons de terre et bois, nommées « pit houses », élevées au dessus d’un sol surcreusé dans la roche… Ce sont les ancêtres des spectaculaires kivas (maisons communes) et « cliff dwellings », les maisons des falaises de la période Pueblo.

5. En Afrique il y a 500 ans : l’apogée de l'Empire songhaï

Voici encore l’occasion d’une ouverture vers une culture méconnue.

Sur le continent africain, partons à la découverte d’un empire contemporain et aussi vaste que celui de Charles Quint en Europe : l’empire Songhaï, qui connût sa période de plus grand développement vers 1500.

A cette époque, il s’étendait sur une superficie immense, englobant, le long du fleuve Niger, tout le Sénégal, la Gambie et le Mali, ainsi qu’une partie de la Mauritanie, de la Guinée, la limite nord du Burkina Faso et tout l’ouest du Niger.

L'empire songhaï à son extension maximale, vers 1500 - Roke / CC BY-SA

Le cœur de cet empire était sa capitale, Gao, au Mali. Au XIe s., Gao, alors la ville principale du territoire du peuple des Songhaï, commença à s’enrichir avec l’ouverture d’une route commerciale Est-Ouest, entre le Sahel occidental et l’Egypte.

Stèle funéraire de Gao-Saney (XIIe s.) en marbre d'Espagne, Musée National du Mali - Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons

La ville devint un important comptoir marchand et une escale pour les caravanes transsahariennes, faisant même venir des marbres d’Espagne, supports d’inscriptions honorifiques et funéraires à la gloire des notables de Gao.

Le tombeau des Askias, mausolée de Mohammed Touré, fondateur de la dynastie Askia, qui régna sur l'Empire à partir de 1493 - Taguelmoust / CC BY-SA

D’abord vassal du très puissant empire du Mali, le petit royaume de Gao-Sané réussit à s’affranchir de la tutelle malienne au XIVe s., pour finir par conquérir l’ensemble des territoires de l’empire dans la seconde moitié du XVe s., sous le règne des rois Sonni Souleyman Dama et surtout Sonni Ali Ber, qui régna entre 1464 et 1492.

Exemplaires de poterie polychromes du royaume de Gao-Sané (IXe-XIIe s.) - sur le site internet Nofi

L’empire devait sa puissance au dynamisme économique de ses habitants et de sa capitale, véritable plaque tournante du commerce de l'or, du cuivre, des esclaves et du sel.

Ses richesses et son territoire furent disputées par plusieurs factions au sein de cet empire composite, rassemblement de plusieurs dizaines de communautés aux cultures différentes.

Ce sont toutefois les Marocains du sultan Al-Mansour qui réussirent à annexer Gao et faire tomber le pouvoir en 1591, grâce à l’usage des armes à feu, encore inusitées dans cette partie du continent.

A l'année prochaine pour le prochain article anniversaire!

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