L'Irlande d'Halloween
L'île d'émeraude en 8 sites magiques
Raconté pour vous par Cécile, le 29 octobre 2021 - temps de lecture : 4 mn
Quand ? Du Néolithique au Moyen Âge anglo-normand - Où ? partout en Irlande
Ce dimanche 31 octobre, c’est Halloween ! Sorcières, squelettes et araignées en plastiques, toiles d’araignées en coton et grosses citrouilles dégoulinent de toutes les vitrines des magasins depuis déjà quelques jours, si bien que ce serait étonnant que vous ignoriez l’information.
C’est l’occasion pour nous de vous en dire un peu plus… non sur Halloween, mais sur l’Irlande, sa patrie d’origine (avec l’Écosse).
Découvrez ou redécouvrez l’île d’émeraude, à travers 8 sites archéologiques évocateurs de tous les mystères de ce pays du bout de la mer !
Amateurs de ruines étranges, de paysages surnaturels noyés dans les brumes ou de falaises attaquées par les vagues, imprégnez-vous de la magie du pays du Leprechaun...
1. La nécropole mégalithique géante de Brú na Bóinne
Brú na Bóinne est le nom du plus spectaculaire ensemble de mégalithes mis au jour en Irlande, et le plus grand d’Europe ! Cet immense complexe cultuel et funéraire (90 monuments), qui s’étend sur plusieurs kilomètres carrés, comprend 5 regroupements de tumulus extraordinaires, rassemblés en véritables petites villes des morts : Newgrange, Fourknocks, Knowth, Dowth et Tara.
Les tombeaux sont des tertres de terre et pierre (tumulus) recouvrant de longs couloirs aboutissant à des chambres funéraires formées d’énormes dalles (des dolmens, en somme).
La plus imposante de ces constructions mesure 85 m de diamètre et 15 m de hauteur !
La particularité de cet incroyable site ? Les nécropoles ont été utilisées du Néolithique jusqu’au Moyen Âge, c'est-à-dire pendant plus de 4 000 ans !
D’ailleurs, il n’y a pas que des sépultures à Brú na Bóinne : les tumulus en sont les vestiges les plus visibles, mais il y avait aussi tout autour des lieux de vie, des fortins, des champs et même des églises et leurs cimetières, pour l’occupation la plus récente, à Dowth.
2. Le temps des ringforts
Comme le nom de ringfort le laisse deviner, nous allons vous parler de fortifications en forme de cercle… Elles sont très nombreuses en Irlande, mais recouvrent des types d’implantations assez différentes.
La plupart été édifiée entre les années 500 et les années 900 de notre ère, mais ces constructions circulaires ont une origine beaucoup plus anciennes, et certaines ont également continué à être utilisées pendant les siècles suivants du Moyen Âge et même plus tard encore.
Les deux superbes ringforts voisins de Cahergall et Leacanabuaile offrent un bon exemple de ces fortins, en moyenne larges de 25 à 60 m de diamètre.
Ici, le bâti est en pierre, mais il s’agissait souvent de talus de terre surmontés de palissades, comme à Rathbarna.
A quoi servaient les ringforts ? Contrairement à ce que l’on peut imaginer, ce ne sont pas systématiquement des installations militaires.
Certains abritent des sortes de petits châteaux, d’autres sont en effet des forts de surveillance faisant partie d’un dispositif défensif plus large d’un territoire.
Cependant, la majorité d’entre eux abritaient des fermes. C’est pourquoi ils sont si nombreux (presque 60 000 répertoriés sur toute l’île !) et parfois très proches les uns des autres.
On peut visiter une reconstitution d’un très beau ringfort de ce type à Wexford… et même y passer une nuit !
3. Skellig Michael
En fait, tous les fans de Star Wars ont nécessairement admiré le monastère Saint Fionan, dans les épisodes VII, VIII et IX de la série ! Le site est tellement spectaculaire que beaucoup ont cru qu’il s’agissait de décors, mais pas du tout : ces escaliers interminables et ces huttes de pierre coniques dominant des falaises battues par les vents sont bel et bien réels !
Il fallait vraiment avoir très envie de se rapprocher de Dieu et ne pas être sujet au vertige pour venir s’établir ici. C’est pourtant le choix de quelques moines (pas plus d'une dizaine), au VIIe s.
Les sept étranges petits édifices coniques sont réputés pour être leurs cellules.
Ils se réunissaient et priaient dans deux chapelles, elles-aussi coniques, au dessus de deux longs jardins en terrasse qu’ils devaient cultiver.
Le monastère a finalement été déserté au cours du XIIIe s. mais il est resté encore un lieu de pèlerinage pendant plusieurs siècles.
4. Le monastère de Clonmacnoise
Le long de la puissante et magnifique rivière Shannon s’étend un site empreint d’une sérénité particulière : Clonmacnoise.
Il s’agit avant tout d’un monastère, mais sa fonction a été en réalité plus complexe, et l'ambiance y était beaucoup plus animée que de nos jours ! Stratégiquement placé au croisement de la Shannon (nord-sud) et l’Eischir Riada, la grande route terrestre est-ouest desservant l’intérieur des terres, qui étaient les deux artères commerciales les plus dynamiques de cette partie de l’Irlande, le monastère bénéficiait d’une prospérité économique, d’un renom et d’une taille (il a pu accueillir jusqu’à 2 000 personnes) qui le distingue clairement de la moyenne des sites religieux irlandais
Le cœur du complexe archéologique est le « vrai » monastère, fondé en 545 par saint Ciarán.
Grossissant au fil des siècles, il a compté jusqu’à 9 églises. C’est que Clonmacnoise était, dans la première moitié du Moyen Âge, l’un des centres d’érudition et de formation religieuse le plus réputé d’Irlande, et on venait de toute l’Europe pour le visiter !
Pour couronner son succès (et ce qui explique le nombre d’églises), le monastère a également servi de nécropole royale jusqu’au Xe s.
On y admire les restes des différentes églises et des bâtiments conventuels, mais aussi les vestiges de son cimetière aux croix sculptées et sa très haute tour fanal.
A quelques centaines de mètres, les vestiges du château de Clonmacnoise, sur sa motte de terre dominant la Shanonn, est moins fameux mais tout aussi spectaculaire, dans un autre style.
Il a été construit à la fin du XIe s. par les rois anglo-normands, comme marque de leur pouvoir face au puissant monastère.
Ce dernier déclina d’ailleurs à partir de cette époque.
4. Castle Roche : le château hanté
Sa légende ? Sa commanditaire, lady Rohesia de Verdun, aurait précipité l’architecte du château par la plus haute fenêtre pour ne pas qu’il puisse révéler les secrets de son plan… qui n’a, cela dit, rien de particulier de l’extérieur, même si c’est un très bel édifice. Une autre légende assure que c’est son 2e mari qu’elle fit passer par-dessus bord !
Toujours est-il que l’âme des disparus et le fantôme de lady Rohesia hantent ces ruines ténébreuses, spécialement impressionnantes par temps de brouillard...ce qui arrive plutôt fréquemment dans ce coin de l’Irlande.
6. Dublin, ville viking
Ils sont vraiment allés partout, ces Vikings ! Ils ont commencé à piller l’île vers 800, puis à s’y tailler des royaumes de plus en plus étendus au détriment des rois gaéliques, jusqu’à l’invasion normande de 1169 (des Normands de Grande-Bretagne).
Les Vikings avaient installés plusieurs colonies, dont la plus florissante, Dublin, qui devint sous les Normands la capitale de l’Irlande.
L’histoire des origines vikings de la ville, et surtout de l’aspect de la cité au moment de sa construction, serait d’ailleurs restée purement livresque sans une découverte inopinée, à la fin des années 1970.
A l’occasion de la construction d’un centre administratif, des vestiges en bois spectaculairement conservés ont été mis au jour par les pelleteuses.
Il s’agissait du port viking de Dublin, là même où les 120 langskips du chef Thorgis touchèrent le sol irlandais pour la première fois.
Hélas, en dépit d’importants mouvements de protestation de la population dublinoise, les extraordinaires quais, les maisons et les entrepôts furent détruits sans ménagement, comme nous vous le racontons dans notre article « Huit sites anéantis ».
7. Deux vrais-faux sites archéologiques : la chaussée des Géants et la Poll na bPéist d'Inishmore
Halloween n’est-il pas le temps des déguisements ? Voici justement deux sites naturels déguisés en sites archéologiques, et la supercherie est bien montée : beaucoup de visiteurs pensent sincèrement qu’il s’agit de constructions façonnées de main d’homme !
La première est la très connue Chaussée des Géants (Giant’s Callway), sur le bord de la mer.
Ces extraordinaires rochers, évoquant quelque chose entre un carrelage à tomettes démesurées et des tuyaux d’orgue, n’ont bien sûr pas été faites par des Titans, et ce n’est pas non plus une sculpture contemporaine.
Il s’agit d’une formation géologique très impressionnante appelée orgues basaltiques.
Ceux de la Chaussée des Géants ont surtout ceci de spécial qu’ils sont à hauteur d’homme, et qu'on peut marcher dessus comme sur un pavement !
Ces structures naturelles sont en effet, en général, très hautes et inaccessibles, à flanc de falaise, comme on le voit aussi sur le site.
Les polygones des orgues sont en outre particulièrement bien conservés, et situés dans un environnement propice à l’imaginaire !
Notre second site remarquable se trouve sur la très belle île d’Inishmór, dans l’archipel des îles d’Aran.
Là, la Poll na bPéist (Serpent’s Lair) sidère les touristes !
Au pied d’une des falaises du littoral, dans l’immense plateau calcaire qui forme le plancher rocheux battu par les vagues, une piscine rectangulaire parfaite est creusée.
Non, ce n’est pas ce qu’il reste d’un établissement thermal, ni un essai de la mairie pour développer la natation, ni un vivier à poisson !
Le trou, d’environ 6 m de large, 15 m de long et 5m de profondeur, s’est formé naturellement par fissuration puis effondrement sur elle-même de la dalle rocheuse.
Impressionnant, non ?
8. Le bonus : Blarney Castle en virtuel
Vous le connaissez déjà car nous l’avons déjà présenté, mais nous ne résistons pas à l’envie de remettre sur le devant de la scène l’un des plus beaux châteaux d’Irlande, entièrement visitable depuis votre salon, en virtuel.
La visite, c’est ici !
Si vous pouvez vous rendre sur place, n’oubliez pas d’aller embrasser la pierre magique de l’éloquence !
Si ça ne vous donne pas plus d’aisance à l’oral, vous pourrez au moins vous vanter auprès de vos amis d’avoir essayé l’escalade la tête en bas…
"Tiens, y a pas de sites romains cette fois ?" Ha ha ! non évidemment : les Romains ont à peine pris pied en Irlande, et n’ont pas trouvé l’île à leur goût. Il n’y a aucun site romain, mais en revanche, on retrouve beaucoup d’objets en provenance de l’Empire sur les côtes nord et est de l’île, car le commerce de part et d’autre de la mer d’Irlande allait bon train.