Archéologie à vol d'oiseau : 10 sites remarquables vus du ciel -2
5 sites millénaires
Raconté pour vous par Cécile, le 25 mai 2023 - temps de lecture : 5 mn
Quand ? Il y a entre 2 500 et 1 000 ans environ.
Où ? Turquie, Pérou, États-Unis, Cambodge, Chine... et Australie
Nous survolons toujours la planète pour admirer des sites archéologiques remarquables vus du ciel. Comme vous l'avez déjà compris, cela permet de mieux se rendre compte du plan des vestiges, d’apprécier l’environnement dans lequel ils se déploient, voire de faire apparaître des dessins insoupçonnés depuis la terre ferme...
Notre sélection de la semaine met en lumière 5 sites correspondant aux périodes que nous connaissons comme l'Antiquité et le Moyen Âge... et nous rajoutons un petit bonus non daté.
1. Aspendos (Turquie)
Aspendos est une ville gréco-romaine magnifique de la côte sud de la Turquie. Surplombant la vallée du Köprüçay, qui serpente à travers les montagnes jusqu’à la Méditerranée, le site est surtout connu pour son théâtre romain, réputé le mieux conservé de l’Antiquité. Si l’agglomération est une fondation grecque, ce sont essentiellement les vestiges des bâtiments encore utilisés à l’époque romaine qui sont visitables.
La vue aérienne fait bien ressortir l’emprise de la ville, sur la colline, et sa position dominante dans le paysage plat de la plaine fluviale. C’est une image rare, car on ne voit habituellement d’Aspendos que son théâtre.
D’ailleurs, savez-vous pourquoi le monument est si bien conservé ? Tout ne date pas de l’époque de sa construction, entre 161 et 169 de notre ère : le théâtre avait déjà été restauré au XIIIe siècle par le bey (le seigneur, pour faire simple) en charge de la région, qui avait été fasciné par son architecture.
2. Nazca, des dessins pour les dieux (Pérou)
Les grands géoglyphes de Nazca font partie des sites archéologiques de la planète qui sont à la fois parmi les plus spectaculaires et les plus frustrants quand on les visite. En effet, du sol, on ne voit pas grand-chose. Ce n’est que depuis les airs que l’on peut apprécier les fantastiques animaux géants qui peuplaient le panthéon des populations nazcas, colibri, singe, araignée… larges de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de mètres ! Ces figures sont connues depuis le début du XXe siècle, mais on sait moins que le plateau abrite des centaines d’autres géoglyphes plus petits, parmi lesquels de nombreuses silhouettes humaines de guerriers, découvertes et étudiées depuis une vingtaine d’années.
On oublie aussi souvent que les dessins de Nazca accompagnent des séries de lignes très spectaculaires, parfaitement droites et parallèles.
Si tous ces géoglyphes se voient si bien depuis les airs, c’est parce qu’ils ont été faits en profitant d’une particularité géologique de ce plateau caillouteux : les roches de surface sont rouges/noires, tandis que le sol qu’elles recouvrent est plus clair. Il suffit donc de repousser les cailloux de chaque côté du trait que l’on veut tracer pour produire un très beau contraste de couleur.
3. Jiahoe, la ville fondue (Chine)
Voyez-vous le site archéologique ? Pas facile à distinguer, n’est-ce pas ? Il est pourtant en élévation sur plusieurs mètres de haut et s’étend sur plusieurs hectares ! Comme l’expliquer ?
Située dans le nord-ouest de la Chine, Jiaohe était une citadelle qui protégeait la route de la soie et dominait la belle oasis de Turpan. Au VIIe siècle, sous la dynastie Tang, elle est devenue une ville commerciale florissante et a prospéré pendant quelques 300 ans.
Sa spécificité est qu’elle est entièrement édifiée en terre crue, selon la technique du pisé. Le résultat au bout de 1000 ans ? Les bâtiments semblent avoir fondu et se détachent à peine du désert environnant !
Ce n’est qu’une impression, évidemment, car le bâti ne s’est pas abîmé sous l’effet de pluies récurrentes, peu fréquentes dans cette partie du Xinjiang.
L’état actuel résulte simplement de l’effondrement des pans de murs, de l’action du gel et de l’effet de l’érosion éolienne. Mais quand même… On imagine rarement que la terre crue puisse être aussi solide.
Et encore, estimons-nous heureux pouvoir en apprécier les vestiges : sous un climat plus tempéré, il ne resterait absolument rien de cette agglomération !
4. Chaco Canyon, l'écrin de Pueblo Bonito (États-Unis)
Nous avons déjà parlé de ce site à couper le souffle, dans un article "5 merveilles cachées des Etats-Unis", mais cela vaut le coup de le revoir de haut… et d’apprécier un peu ce qu’il y a autour !
Ce gros village refermé sur lui-même, dans son enceinte en demi-lune, se trouve dans une région terriblement aride du Nouveau-Mexique. Planifié et construit vers 850, le site a été habité jusque vers 1130.
Il est d’autant plus spectaculaire qu’il se détache d’un paysage désertique et brûlé par le soleil, au milieu d’une steppe rase qui semble bien peu propice au développement d'une communauté villageoise.
Et pourtant, Pueblo Bonito n'est pas un site isolé : le parc archéologique de Chaco Canyon abrite plus de 3 000 sites répertoriés, parmi lesquels des dizaines d’habitats ressemblant à Pueblo Bonito et de nombreuses gravures rupestres.
Les populations qui vivaient là, des Anasazis (ou Ancestrans Pueblos) de la culture Chaco, profitèrent d’une courte phase climatique un peu plus humide.
5. Angkor Vat, un temple et une ville (Cambodge)
Voici un site qu’on ne présente plus… Le temple d’Angkor Vat est le lieu touristique le plus visité du Cambodge et il est mondialement connu ! Immense, entouré d’eau, émergeant de la jungle, c’est un endroit merveilleux, et le plus vaste complexe religieux (construit) du monde. Chose amusante, le site est contemporain de Pueblo Bonito : ils ont été construit en même temps, vers 850-880.
L’intérêt de le voir de haut ? Tout simplement celui de le voir en entier, car il est si grand que son plan n’est visible que du ciel ! De plus, comme le terrain est plat, on n’arrive pas vraiment à se rendre compte de son emprise.
La vue aérienne permet aussi de réfléchir sur un autre élément qu'on ne voit pas bien depuis le sol : la ville d’Angkor. Le temple était en effet en bordure de la capitale de l’empire des Khmers, qui fut active entre le IXe et le XIVe siècles.
Si la plus grande partie de la ville est enfouie dans le sol ou disparaît sous la végétation luxuriante, plusieurs quartiers ou édifices remarquables se visitent. C’est le cas d’Angkor Thom, le quartier royal, dans son enceinte carrée de 3 km. La vue aérienne fait apparaître l’ancien quadrillage des rues, et fait aussi ressortir les deux immenses lacs rectangulaires artificiels qui encadrent la cité. La maîtrise de l’eau était l’une des grandes forces de l’ingénierie khmère.
Petit bonus pour finir,un site sacré plurimillénaire, à la frontière entre archéologie, merveille naturelle et interdit religieux : voici Uluru, en Australie, dans le Territoire du Nord.
Site touristique parmi les plus célèbres du pays, cette montagne rouge émergeant de la platitude du bush a été rendue aux Pitjantjatjaras, pour qui il s'agit d'un haut lieu religieux, témoin du Temps du Rêve, le moment de la création du monde.
Ils ont obtenu en 2019 qu'il ne soit plus possible d'y monter, préservant ainsi les centaines de peintures rupestres et points d'eau cachés des dommages causés par les touristes.