Les Alpes-de-Haute-Provence

Loin du cliché des lavandes

Raconté pour vous par Cécile, le 14 septembre 2023 - temps de lecture : 5 mn

Quand ? Il y a entre 400 000 ans et 500 ans environ.

Où ? France, région Sud Provence Alpes Côte d'Azur

Voici un territoire qui a bien changé depuis 100 ans !

Actuellement, les Alpes-de-Haute-Provence sont l’un des départements les moins peuplés de France, dont l’activité économique repose pour une grande part sur le tourisme, concentré dans quelques endroits emblématiques : les gorges du Verdon, le lac de Sainte-Croix, le plateau de Valensole (connu pour ses champs de lavande). 

En dehors de ces quelques corridors d’activité, le reste du paysage est très dépeuplé. 

Mais ne pensez pas que ce territoire magnifique a toujours été un désert ! 

Depuis le Néolithique jusqu’à la Révolution, la population était beaucoup mieux répartie entre les vallées, plateaux, montagnes, et les activités agro-pastorales étaient florissantes.

Grottes préhistoriques, villes romaines, châteaux, monastères... Il reste de nombreuses traces de ce passé prospère, à découvrir ou redécouvrir !

En rouge : sites nouveaux présentés dans l'article - En violet : sites faisant déjà l'objet d'un coup de cœur - En jaune : quelques villages abandonnés, des sites archéologiques en formation

1. Le musée de Préhistoire de Quinson

Petit village tranquille sur la rive du Verdon, Quinson est aussi l’emplacement choisi pour implanter l’un des plus beaux musées de Préhistoire de France. Pourquoi là ? Parce que les gorges du Verdon abritent un grand nombre de sites préhistoriques importants, pour la plupart non accessibles ou disparus lors de la construction du barrage de Sainte-Croix, et que le musée se trouve juste à côté de la grotte de la Baume Bonne, dont nous avons déjà parlé. Il présente des collections spécialisées sur la Préhistoire du Midi de la France, mais offre surtout une excellente introduction à la Préhistoire en général, associant l’évolution de l’Homme à celle des climats et environnements dans lesquels il évoluait.

Le défilé des animaux de l'ère glaciaire, dans le hall d'entrée du musée - © MPGV  / Département des Alpes-de-Haute-Provence
Exposition temporaire sur les villages palafittes de Châlain et Clairvaux (Jura), 01/02-10/12 2023 - © MPGV / Département des Alpes-de-Haute-Provence

Pour ceux qui redoutent une visite austère autour de collections de silex, rassurez-vous : les reconstitutions d’animaux et de scènes de vie grandeur nature aident à s’immerger dans ces périodes exotiques, de même que les animations proposées en extérieur, dans le parc archéologique. Plusieurs reconstitutions de maisons préhistoriques de différentes époques permettent de bien comprendre comment vivaient nos lointains ancêtres. Enfin, la visite ne saurait être complète sans celle de la grotte voisine de la Baume Bonne, associée au musée (lien en fin d'article).

L'une des maisons, visitable,  reconstituées sur le site - © MPGV  / Département des Alpes-de-Haute-Provence
Atelier de découverte : les technologies de la Préhistoire - © MPGV  / Département des Alpes-de-Haute-Provence

2. Le musée gallo-romain de Sisteron

Sisteron : la citadelle, à gauche ; la ville historique, au centre ; la Durance, à droite ; le rocher de la Baume, derrière la Durance - © Mathieu Brossais / CC BY-SA

L’antique Segustero, capitale du peuple gaulois des Sogiontii, était une ville romaine importante, au confluent de deux axes de communication majeurs, les vallées de la Durance et du Buëch. Elle se trouve aussi en face du très impressionnant rocher de la Baume, issu du recoupement par la Durance d’une haute barre rocheuse plissée. Avec le rocher de la Citadelle, qui surplombe le centre-ville, l’ensemble forme ce qu’on appelle la Clue de Sisteron. Véritable verrou naturel, le site présentait des atouts stratégiques majeurs.

La citadelle de Sisteron et la vieille ville, en contrebas - © Joselarrucea / CC BY-SA

De nos jours, c’est plutôt la citadelle Vauban qui fait la renommée de Sisteron. Il n’y a plus de vestiges en élévation de l’époque romaine, mais les découvertes réalisées depuis la fin de la 2e guerre mondiale et les travaux actuels d’archéologie préventive font progressivement apparaître les contours de Segustero, autour du centre-ville historique. 

Le musée gallo-romain explique ce que l’on connaît de la ville romaine et met en valeur plusieurs objets remarquables, parmi lesquels de grandes inscriptions et de très belles sculptures, provenant de riches mausolées.

Acrotères (sculptures décoratives) figurant des masques de théâtre, provenant d'un mausolée mis au jour à Sisteron - © Office de Tourisme Sisteron Buech
Cippe funéraire - © Musée Gallo-Romain 

3. Le prieuré de Salagon, du monastère à la villa romaine

© Salagon Musée et Jardin / Département des Alpes-de-Haute-Provence, cliché C. Joly

Joyau de l’architecture religieuse médiévale, avec Ganagobie (voir en fin d’article), le prieuré Notre-Dame de Salagon (XIIe-XVe siècles), sur la commune de Mane, est maintenant un ravissant musée-jardin, où les ornements végétaux mettent encore davantage en valeur la pureté des lignes de l’église, du logis et des dépendances. Un prieuré, c'est un monastère dépendant d’une abbaye plus puissante, qui en récupère les bénéfices (taxes et redevances). Au XIIe siècle, l’abbaye ayant autorité sur Salagon est celle de Saint-André, à Villeneuve-lès-Avignon. 

On visite, du magnifique ensemble architectural de Salagon, l’église du XIIe siècle mais aussi le logis du prieur, reconstruit au XVe siècle, ainsi que les dépendances agricoles plus récentes (XVI-XVIIIe siècles).

© Salagon Musée et Jardin / Département des Alpes-de-Haute-Provence

Le monastère n’a pas été implanté sur un terrain vierge : il a recouvert un premier lieu de culte, une basilique funéraire paléochrétienne, elle-même installée dans les ruines d’une villa romaine des Ier-Ve siècles. Il reste de ces époques antérieures au prieuré des vestiges visibles dans l’église et au abords du monument. Dans les très beaux bâtiments annexes au logis, l’exposition permanente « Traces » détaille l’histoire de Salagon et présente une sélection d’objets représentatifs de la vie du site à chaque phase d’évolution.

Les vestiges de la nécropole paléochrétienne - © Salagon Musée et Jardin / Département des Alpes-de-Haute-Provence, cliché C. Joly
L'exposition permanente : l'Antiquité - © Salagon Musée et Jardin / Département des Alpes-de-Haute-Provence, cliché M. Dagruma

4. Le château de Mison

Le charmant et tout petit village de Mison est surplombé d’un étonnant et très haut rocher au sommet plat, sur lequel une forteresse a été édifiée, probablement au XIIIe siècle. Il en reste d’abord des remparts bien conservés, qui font le tour du rocher et vers lesquels on monte, par un chemin piétonnier bien balisé.

Mison, le village, le rocher, le château - © Office de Tourisme Sisteron Buëch 
Les remparts du château de Mison - © likeradio

Il faut l’admettre, ce ne sont pas les vestiges de l’intérieur du château qui sont les plus impressionnants, car une fois sur le plateau, on s’aperçoit vite qu’il ne reste en élévation qu’une tour-porche. Et pour cause : le site a servi de carrière de pierres depuis son abandon définitif, au XVIIe siècle. Ce n’est pas pour autant qu’il faut être déçu, car le panorama à 360° offert au sommet du rocher est exceptionnel ! Pas besoin de hauts murs pour comprendre tout l’intérêt de construire un château à cet endroit : depuis le plateau, on peut surveiller la grande vallée du Buëch, mais aussi celle de la Méouge et tous les reliefs voisins. Un emplacement tout à fait stratégique !

La vallée du Buëch et les Pré-Alpes, en arrière-plan, en direction de Sisteron - © Frédéric Goujon, point de vue Google Street View 

Découvrez le château vue d'oiseau, ses vestiges et sa situation exceptionnelle, grâce au drone de Dam Cam Production !

5. A lire ou à relire dans nos anciens billets !

La grotte de la Baume Bonne

Riez

Le défilé de Pierre-Écrite

La crypte de Notre-Dame-de-Dromon, Saint-Geniez (site fermé temporairement, depuis juillet 2023)

La crypte archéologique de Digne-les-Bains

L'abbaye de Ganagobie, Villevieille et le pont romain sur le Buès

En guise de conclusion :

Les villages abandonnés, le futur de l'archéologie ?

Conséquence de l’exode rural massif des XIXe-XXe siècles et de l’évolution des modes d’occupation du sol depuis 70 ans, il y a de nombreux villages abandonnés dans toutes les Alpes-de-Haute-Provence. A présent perdus dans la garrigue ou émergeant de la forêt, souvent à flanc de montagne, ce sont des lieux de visite appréciés des randonneurs et des amateurs d’Histoire. Fantomatiques, romantiques, parfois tristes mais toujours impressionnantes, ces ruines trouvent leur place dans notre sélection de lieux représentatifs de l’histoire ancienne du département et concluent notre article.

Les ruines de l'église et du village médiéval de Vière (commune d'Ongles). Accès ici à la carte du sentier de randonnée- © AD04

Ce n’est pas de l’archéologie, dites-vous ? A voir ! D’abord parce que plusieurs de ces bourgs sont des fondations médiévales, certains bâtis autour de châteaux aux ruines encore visibles. Ensuite parce que ces villages sont ni plus ni moins des sites archéologiques en formation.

Voici quatre de ces villages fantômes (dont deux avec des noms rigolos), mais il est très facile d’en trouver d’autres exemples. De nombreux parcours de randonnée, dans tout le département, proposent de passer par l’un d’entre eux. Cliquez sur les images pour plus d'informations.

Poil

A Poil ! Le village abandonné jouxte quelques maisons encore habitées, sur la commune de Poil-en-Provence - © Tourisme Alpes de Haute-Provence 

Ongles

Et maintenant, Ongles ! ... Ou plus précisément, sur la commune d'Ongles, le village abandonné de Vière - © AD04

Le vieux Montsalier

Plusieurs bâtiments ont été consolidés ou restaurés, sur ce site appelé aussi le haut Montsalier, dont une très belle aire de battage - © Véronique PAGNIER / CC BY-SA

Châteauneuf-lès-Moustiers

La dernière habitante de ce hameau est partie en 1932. Commune de la Palud-sur-Verdon - © Petr1888 / CC BY-SA

Et vous n'avez pas tout lu ! 

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