Spécial nouvelle année !

5 mystérieux calendriers découverts lors de fouilles archéologiques

Raconté pour vous par Cécile, le 27 décembre 2020 - temps de lecture : 5 mn

Matérialisant la sacralisation du temps, les calendriers sont des instruments très importants. De ce fait, ils étaient souvent imposants : gravés ou sculptés, en pierre, métal, bois ou terre cuite, ils étaient faits pour être exposés et conservés durant des décennies. C’est pourquoi ils font partie des objets archéologiques que l’on retrouve, même si ces découvertes restent rares.

Voici notre Top 5 des plus étonnants !

1. Les fosses de Warren Field (Écosse) : le plus vieux calendrier du monde ?

Entre 2004 et 2013, les archéologues ont fouillé sur le site de Warren Field (Aberdeenshire, Ecosse) un réseau de 12 fosses aux formes particulières, interprétées comme des représentations des différentes phases de la lune. Les fosses s’alignent avec un point remarquable du relief, en direction du sud-ouest, durant la période du mi-solstice d’hiver : le col de Slug Road. L’axe peut sembler hasardeux, mais l’indication de la position du soleil à la mi-solstice est importante : elle permet de corriger le décalage entre le calcul du temps lunaire et celui du temps solaire, et par conséquent d’accorder les 2 calendriers.

Ce calendrier monumental (si c’en est bien un), pouvait aider les chasseurs-cueilleurs du Mésolithique à suivre le cycle des saisons à partir du calendrier lunaire et prévoir les périodes de migrations des animaux qu’ils chassaient.

L'une des fosses de Warren Field. Un feu a été fait au centre de la fosse (tache cendreuses noire) - Crédits : Charles Murray, dans V. Gaffney et al. 2013 : Time and a Place: A luni-solar ‘time-reckoner’ from 8th millennium BC Scotland. Internet Archaeology, 34. https://doi.org/10.11141/ia.34.1
Disposition des fosses de Warren Field par rapport au col de Slug Road - Dans V. Gaffney et al. 2013 : Time and a Place: A luni-solar ‘time-reckoner’ from 8th millennium BC Scotland. Internet Archaeology, 34. Plan basé sur Murray et al. 2009, figure 3

2. Le calendrier mésopotamien : un témoignage du Néolithique

La Mésopotamie est la première région du monde où sont apparus l’agriculture et l’élevage, la sédentarisation, et finalement l’urbanisation et la notion d’état, entre 12 000 et 4 000 av. J.-C. Les différents peuples qui y ont vécu possédaient chacun un calendrier, situation unifiée finalement par les Sumériens vers 2100 av. J.-C.

Les Sumériens comptaient en base 60… original, non ? (pour mémoire, nous comptons en base 10). Pourtant, leur manière de décomposer le temps nous est étrangement familière : 1h comptait 60 minutes de 60 secondes chacune, tandis qu’un jour était divisé en 2x 12 h et l’année en 12 mois… ça vous dit quelque chose ? En fait, bien que le calendrier sumérien remonte au Néolithique, il est l’ancêtre du calendrier julien, que nous utilisons de nos jours. C’est que le calendrier mésopotamien a inspiré les calendriers grecs et romains, dont le nôtre est une adaptation !

Ce calendrier a été largement suivi par les Babyloniens et les Assyriens, qui sont devenus, après l’apogée sumérienne, les civilisations dominantes de la Mésopotamie à partir du IIe millénaire avant notre ère et jusque vers 530 av. J.-C. Ce sont de ces époques lointaines que datent quelques uns des plus beaux exemplaires de calendriers astronomiques connus, ramenés dans les pays d’Europe de l’Ouest à la fin du XIXe s.

3. Le disque céleste de Nébra : le ciel étoilé automnal d'Allemagne, il y a 3 600 ans.

Le disque de Nébra, découvert en 1999, est un objet très mystérieux ! Son interprétation a hélas été compliquée par le fait qu’il s’agit d’une trouvaille issue de fouilles clandestines et que l’on ignore de quel contexte archéologique il provient (tombe ? sanctuaire ?). On sait juste que l’objet vient de la colline de Mittelberg, en Saxe-Anhalt (Allemagne) et qu’il faisait partie d’un lot d’armes et de bijoux. Il est généralement admis qu’il date de l’âge du Bronze, entre 2 000 et 1 600 av. J.-C.

Ce splendide disque de bronze de 32 cm de diamètre, orné de motifs en or, représente la voûte céleste : on y voit 32 étoiles, dont la constellation des Pléiades, le Soleil (ou la pleine Lune ?) et la Lune à son 1er croissant, ainsi que deux autres formes en arc de cercle et un sillon dans le bronze marquant une dernière forme en arc de cercle sur le bord du disque, en face de l’arc en or le plus plat. Ce dernier, ainsi que la forme symétrique gravée pourraient représenter l’horizon au lever et au coucher de la lune et/ ou du soleil. L’arc en or plus recourbé évoque une barque, matérialisant peut-être le parcours du soleil dans le ciel, comme dans certaines mythologies.

Crédits : Anagoria / CC BY
Depuis la colline du Mittelberg, le soleil au solstice d'été se couche derrière le mont Brocken, respectant la carte du ciel du disque de Nébra - Crédits : Rainer Zenz / Public domain

Est-ce vraiment un calendrier ? Pas tout à fait, en fait, bien que l’hypothèse ait été soutenue : la précision des angles et distances entre les étoiles, le soleil, la lune et l’horizon n’est pas assez juste pour servir à calculer des événements astronomiques et fixer des dates. Il semble plutôt s’agir d’une sorte d’outil préparatoire, ou bien de la représentation strictement esthétique et symbolique de thèmes astronomiques et religieux en lien avec des rythmes calendaires.

C’est pourquoi nous lui donnons sa place dans ce top 5 !

4. Le calendrier gaulois de Coligny : le temps des druides

Contrairement au disque de Nébra, le calendrier gallo-romain de Coligny (Ain, France) est une découverte fortuite signalée par son découvreur, en 1987. C’est une table de bronze, éclatée en 149 fragments, qui était accompagné d’une magnifique statue de bronze d’1,70 m représentant un dieu.

Il s’agit d’un calendrier luni-solaire en langue gauloise utilisant l’alphabet latin, daté du IIe s. ap. J.-C. Une fois remonté, il se présente sous la forme d’une plaque rectangulaire d'1,48 m x 90 cm, divisée en 16 colonnes et 4 lignes. On y lit sans difficulté, tant la qualité de la gravure est bonne, des listes de chiffres et de noms. Il s’agit du découpage sur 5 ans des 12 mois de l’année, de 29 ou 30 jours, avec 2 mois intercalaires. Tous sont nommés : les mois d’hiver s’appellent par exemple Dumannios, Riuros et Anagantios ! Chaque jour est indiqué par un numéro, en face duquel se trouve un petit trou dans lequel une cheville pouvait être insérée, de manière à repérer le jour courant. L’année commençait au mois de Samonios, qui correspond à peu près à notre Novembre.

Ce spectaculaire calendrier devait provenir d’un sanctuaire proche, et servir à marquer les dates des rites religieux. Il trouve en ce sens un parallèle, également gaulois : au début du XIXe s., plusieurs autres fragments d’une plaque de bronze portant des inscriptions similaires à celle de Coligny ont été sorti du lac d’Antre et du ruisseau d’Héria, juste à côté du grand sanctuaire gallo-romain de Villards d’Héria (Jura).

5. Le calendrier maya et la fin du monde !

Rappelez-vous 2012 et la prédiction d’une fin du monde par les collapsologues inspirés par le système de décompte du temps maya ! Mais de quoi s’agissait-il au juste ?

Les Mayas, dont les cités-Etats ont connu leur apogée entre le VIe et le IXe s., calculaient le temps par périodes de plusieurs centaines d’années (un peu plus de 394 ans exactement) : les batkuns. Treize baktuns formaient un cycle complet, un « faisceau », mais il existait encore des ères beaucoup plus longues : les pictuns, les kalabtuns ou encore les kinchiltuns. Pour les Mayas, le temps n’était pas linéaire, mais évoluait en cercles concentriques emboîtés. Chaque cycle correspondait à une phase de renaissance du monde, en association avec une mythologie très riche, mais le temps ne cessait jamais de s’écouler. Il n’a donc jamais été question pour les Mayas d’une fin du monde définitive le 21 décembre 2012 !

La Pierre du Soleil (Musée National d’Anthropologie de Mexico) - Crédits : Juan Carlos Fonseca Mata / CC BY-SA

Le calendrier maya était extrêmement précis et détaillé… mais aussi horriblement compliqué et hermétique, car plusieurs systèmes de décompte du temps étaient utilisés simultanément, fondés sur les rythmes lunaires et solaires, mais aussi sur le cycle de mouvement de la planète Vénus, auxquels ils rajoutaient encore un système permettant de compter le temps de manière linéaire à partir d’une année 0 ! Les mois comptaient 20 jours et l’année était double : un cycle sacré de 260 jours alternait avec une année civile de 365 jours divisée en 18 mois. Les deux calendriers coïncidaient tous les 52 ans, ce qui formait une période particulière un peu équivalente à nos siècles. Le décompte des jours se faisait en associant 20 noms à 13 numéros … tout dans la simplicité décidément !

Le plus bel exemplaire de calendrier monumental maya vient de chez leurs successeurs, les Aztèques, qui utilisaient le même système : il s’agit de l’extraordinaire Pierre du Soleil, un calendrier de pierre sculpté au XVe s., découverte en 1790 lors du pavage de la grand place de Mexico ! Il s’agit d’une roue géante de 3,6 m de diamètre, autour de laquelle figurent, dans des séries cercles concentriques, les glyphes correspondants à des noms de dieux et d’ères, à ceux des 20 jours du mois, ainsi qu’une multitude de symboles numériques associés à des planètes.

Crédits : Antony Stanley / CC BY-SA

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