Le fort de Vaux,

Douaumont Vaux (Meuse)

Exploré pour vous par Cécile, le 05 novembre 2023 - temps de lecture : 5 mn

Temps de visite : 40mn à 1h - Visite payante

Niveau de difficulté : facile - claustrophobes s'abstenir

Voir quoi

Eh non, ce n’est pas encore un château du Moyen Âge dont nous proposons la visite, mais bien un fort contemporain faisant partie d’une ligne de défense constitué de plusieurs ouvrages du même type, répartis au nord-est de la ville de Verdun, sur la Meuse, pour protéger la zone frontière de l’Est d’un potentiel assaut allemand. Construit entre 1881 et 1884, le fort de Vaux s'est illustré pendant la Première guerre mondiale, où il a été, en 1916, au cœur de l'horrible bataille de Verdun. 

 Vue aérienne du fort de Vaux. En 1916, la zone était complètement déboisée et le terrain aussi criblé de trous d'obus que le sommet actuel de la forteresse- © Jean-Luc Kaluzko, pour l'Agence Régionale du Tourisme Grand Es
 La façade, de nos jours - © Stefan Kühn / CC BY-SA

Sur place, vous visiterez le poste du commandement, l’infirmerie, le poste de télécommunication, le pigeonnier, la casemate de Bourges avec ses deux canons. 

Visite des couloirs de l'intérieur du fort - © Martine Jacquinet / Tourisme Grand Verdun

Le plus impressionnant reste toutefois à nos yeux l’état du terrain à l’extérieur : un chaos de centaines de trous et de buttes, résultats des quelques 8 000 obus qui sont tombés par jour, pendant 1 semaine, sur la forteresse. De quoi prendre toute la mesure de l’horreur de la situation désespérée dans laquelle se sont trouvés les défenseurs de la forteresse, en 1916  ! 

Le terrain criblé de trous d'obus au sommet du fort de Vaux - © Jonathan Sanaghi /Mémorial de Verdun
L'extérieur du fort en mars 1916 - © Unknown photographer / Public domain
Les alentours du fort de Vaux, le 15 mars 1916. Au centre, les corps des soldats tombés pendant l'un des nombreux assauts donné sur la ligne de front - © Médiathèque de l'architecture et du patrimoine - Opérateur Z / CC BY-SA

Qu'est-ce que c'est

Le fort n’était pas isolé, mais faisait partie d’un système de défense global mis en place autour de zones stratégiques en métropole et dans plusieurs colonies françaises. Ce programme de fortification n’a pas été créé pour la Première guerre mondiale : il a été conçu à partir de 1874, c'est-à-dire à la suite de la guerre contre la Prusse, par le général Séré de Rivières. Les ouvrages, des constructions enterrées polygonales, étaient tous très semblables. Mis à l’épreuve du feu en 1914, ils ont prouvé leur résistance, mais ont aussi montré la faiblesse d’une conception basée sur l’enfermement sous terre des défenseurs des forts.

Croquis du fort de Vaux par le général Raynal - © Sylvain Eugène Raynal / Public domain

Au printemps 1916, le fort de Vaux a été le théâtre d’un épisode tragique et héroïque. Prévu pour 250 hommes, le fort accueille en mai près de 500 soldats, commandés par le général Raynal. 

Là, pendant une semaine, lourdement pilonnés par l’artillerie allemande, attaqués au lance-flammes, quasiment sans nourriture et rapidement sans eau, sans aucun espoir de secours, les Français opposent aux Allemands une résistance acharnée, se battant au corps à corps dans les fossés et dans les étroits couloirs souterrains. 

Affamés et assoiffés, brûlés, intoxiqués par les gaz empoisonnés et étouffés par le manque d’oxygène dans des couloirs obscurcis par la poussière des bombardements incessants, le général Raynal et les 250 hommes survivants se rendent, le 07 juin 1916. 

Très impressionné par leur courage, le commandant allemand organise une cérémonie de reddition durant laquelle les Français sont accueillis avec les honneurs militaires. Le détail des actions menées par le général pour maintenir en vie sa garnison et la résistance incroyable des hommes, qui vous seront expliqués sur le site, est particulièrement émouvant et laisse pas indifférent. Pour les âmes sensibles, ce peut même être un moment éprouvant, il faut mieux prévenir !

Restes déchiquetés de la tourelle de 2 canons de 75 mm R modèle 1905, qui équipait les forts du système Séré de Rivières. Celle du fort de Vaux a été détruite en mars 1916 et était donc ineffective en juin - © Lvcvlvs / CC BY-SA

Pourquoi y aller ? 

Pour commémorer le 11 novembre prochain, par exemple. La présentation de sites de la Première guerre mondiale n’est pas très fréquente sur ArchéOdyssée, mais ces lieux de mémoire passent progressivement de l’histoire contemporaine à l’archéologie. Il nous semblait très important de mettre en valeur cette transition : la création des sites archéologiques ne se limite pas à la décomposition d’un lieu à l’état de ruines, elle va de pair avec son ancrage progressif dans une histoire passée dont plus personne de vivant ne peut témoigner, ni les gens ayant vécu cette époque, ni le souvenir direct qu’ils ont pu transmettre à des descendants, eux aussi maintenant décédés.

L'extérieur du fort, depuis l'une des casemates du fort - © Historicair / CC BY-SA

Même s’ils sont très proches l’un de l’autre, ne confondez pas les forts de Vaux et de Douaumont ! Ce dernier est également visitable, parmi les différents espaces, répartis sur 1km² environ, du mémorial de la bataille de Verdun. Ce très vaste site accueille aussi le Cimetière National et l’Ossuaire de la bataille de Verdun, dernière demeure des corps de quelques 130 000 soldats allemands et français, parmi les 305 000 tués de cette terrible boucherie.

Les vestiges du fort de Douaumont - © Janmad / CC BY
Le cimetière national et l'ossuaire de Douaumont - © Rutger van der Maar / CC BY