A la découverte de Neriomagus / Aquae Nerii

(Néris-les-Bains, Allier)

Exploré pour vous par Cécile, le 13 août 2023 - temps de lecture : 5 mn

Temps de visite : entre 1 et 3h, selon votre rythme - entrée payante au musée et pour les visites (occasionnelles) de la villa de Cheberne.

Niveau de difficulté : facile, mais la visite peut être longue, selon ce que vous choisissez de faire.

Voir quoi ? 

Une ville antique qui porte 2 noms ! Néris-les-Bains, comme son nom l'indique, est une petite ville thermale, activité qui remonte à quelques 2 000 ans.

Il reste de cette florissante époque romaine d'impressionnants vestiges, qui soulignent l'importance de l'eau dans le développement de la cité. Les plus connus sont bien sûr les extraordinaires piscines des thermes. 

Mais nous tenons aussi à mettre en lumière d'autres sites, qui composent un circuit original à travers cette jolie petite ville, surtout connue pour son architecture thermale de la Belle Époque.

  Statuette du dieu Nerios, au Musée Gallo-Romain - © Siannan13 / CC0

Qu'est-ce que c'est ? 

Néris-les-Bains est une ville gauloise, puis romaine, dont le nom de la ville antique est connu par des inscriptions gravées. Elle est d'abord appelée Neriomagus, mot d'origine gauloise mettant en valeur le patronyme Nerios, la principale divinité locale. Il s'agissait du nom pré-romain de l'agglomération, rebaptisée Aquae Nerii ("les eaux de Néris") au cours du premier siècle de n. ère. Les fouilles réalisées dans l'actuelle commune ont révélé l'existence d'une agglomération importante des IIIe-Ier siècle av. n. ère, sous la ville romaine, qui a fait l'objet d'un nouveau plan d'urbanisme au Ier siècle de n. ère.

Inscription monumentale de la ville antique, au musée gallo-romain de Néris-les-Bains - © Office de Tourisme Intercommunal de Néris-les-Bains 

L'eau a toujours été au cœur du développement du site, tourné autour de l'exploitation d'une source chaude (53°) mise en valeur dans des thermes, probablement associés à un sanctuaire dans l'Antiquité.

Que reste-t-il à voir de cette grande époque ?

1) Le musée : tout comprendre à l'évolution de la ville de l'Antiquité

Le joli Musée Gallo-Romain, installé dans une maison de la fin du Moyen Âge, présente de très belles pièces issues des découvertes récentes et anciennes effectuées dans l'agglomération. Inscriptions géantes, vases et statues entières, sculptures, verreries... Les objets, diversifiés et de grande qualité, rendent très bien compte de la richesse de la ville romaine, dont l'histoire et le plan sont racontés de manière accessible à tous. 

Stèles funéraires et urne en verre d'une nécropole d'Aquae Nerii, au Musée Gallo-Romain- © Office de Tourisme Intercommunal de Néris-les-Bains 

Vous y découvrirez ainsi les différents quartiers d'Aquae Nerii, sa place du forum, ses bâtiments thermaux, nécropoles, quartiers artisanaux ou sanctuaires. L'occasion aussi de voir la filiation qui s'est établie entre l'agglomération gauloise et la ville romaine, car de nombreux objets sont héritiers des cultures pré-romaines.

  Chapiteau corinthien d'un monument public d'Aquae Nerii, au Musée Gallo-Romain - © Office de Tourisme Intercommunal de Néris-les-Bains 
  Gourde et vase en terre cuite décorée, au Musée Gallo-Romain- © Office de Tourisme Intercommunal de Néris-les-Bains 

2) Les piscines thermales (parc des Chaudes)

 Les trois piscines, dans le parc des Chaudes - © Office de Tourisme Intercommunal de Néris-les-Bains 

Mises au jour en 1847, ces trois superbes piscines en enfilade appartenaient à l'un des deux édifices thermaux d'Aquae Nerii. L'ensemble est composé de deux bassins rectangulaires de 6,6 m sur 8,10, qui encadrent une piscine circulaire de 9 m de diamètre. Il s'agissait de bassins en plein air, à l'extérieur des bâtiments thermaux, mais ils étaient alimentés par de l'eau provenant de la source chaude, dans les thermes. Quel bonheur de se baigner en plein hiver dans de telles baignoires chauffées !

On ne peut plus y descendre à présent, mais ces piscines ont été remises en service au début des années 1950-1960 : elles faisaient office de petits bains pour les enfants, attenants au grand bassin profond creusé à côté.

Les piscines romaines réhabilitées, en 1953 - Carte postale ancienne, sur le blog de Fifideneris

3) Le théâtre-amphithéâtre (parc des Arènes)

  Aménagement paysager autour de l'arène de d'édifice de spectacle, dans le par des Arènes - © Bertrand Debatty / CC BY-SA

Néris-les-Bains présente un très bel exemple d'un édifice de spectacle typiquement gallo-romain. Observez bien son plan : c'est beaucoup plus arrondi qu'un théâtre, mais les gradins ne font pas le tour complet de l'arène centrale, comme dans un véritable amphithéâtre. 

Est-ce que ces satanés Gaulois n'étaient pas capables de construire correctement des modèles italiens ? Pas du tout, ce plan est un choix délibéré et se retrouve très couramment en Gaule, souvent à côté de théâtres à l'architecture tout à fait classique. 

On ne sait pas exactement à quels types d'activités le monument était adapté. On suppose qu'il s'agissait de spectacles où l'action se déroulait dans l'arène centrale (combats, danses, cérémonies...), mais devait aussi être commentée ou accompagnée par des protagonistes œuvrant sur la petite scène attenante (dont les soubassements sont ici visibles à droite du plan).

Plan de l'édifice de spectacle - © Arcisse de Caumont / public domain

4) La villa de Cheberne

  Vue des vestiges de la villa de Cheberne - © Jérôme Henique, Hadès

Uniquement visitable sur réservation, cette belle demeure de plus de 3 000 m² n'est en fait pas une villa, mais une domus, une demeure urbaine. Elle doit son nom au fait que lors de sa découverte, au XIXe siècle, on ne connaissait pas l'extension de la ville antique et cette belle maison semblait en rase campagne. Sa fouille a été reprise plus récemment, permettant de mieux comprendre son agencement. Il s'agit d'une grande maison des Ier et IIe siècles, organisée autour d'un péristyle (cour ou jardin clos entouré d'une colonnade), dotée d'une belle aile thermale. Elle se trouvait en bordure d'Aquae Nerii, dans un quartier artisanal dense.

Comme les ruines sont sur un terrain privé et que le site est encore en cours d'étude (ce qui signifie que ses vestiges ne sont pas restaurés et pas toujours faciles à comprendre), on ne peut le voir qu'en visite guidée.

Plan général de la "villa de Cheberne"- © Jérôme Henique, Hadès, dans J. Hénique, « Néris-les-Bains – Cheberne », notice archéologique, ADLFI. Archéologie de la France - Informations 

Pourquoi y aller ? 

Pour apprécier les charmes de la période antique sous ceux de la Belle Époque ! Les deux sont loin d'être incompatibles, les vestiges des piscines romaines et de l'édifice de spectacle ayant été harmonieusement intégrés à l'urbanisme du début du XXe siècle. Difficile, d'ailleurs, de négliger le passé antique de la ville, avec un nom qui n'a guère changé en 2 000 ans !

Mais n'oubliez pas non plus que Néris-les-Bains a été une ville médiévale prospère, même si, durant cette période, l'activité thermale a été mise entre parenthèses. Outre l'édifice du XVe siècle dans lequel est installé le musée, nous vous invitons ainsi à admirer la belle architecture romane de l'église Saint-Georges, des XIe-XIIe siècles. A l'intérieur, vous observerez notamment une très belle série de chapiteaux sculptés. De l'extérieur, prêtez attention au style de construction de plusieurs portions des murs de la nef : vous reconnaîtrez le fameux opus caementitium romain, ou de petits moellons alternent avec des rangs de briques. Conservé sur plusieurs mètres de hauteur, ces pans de mur sont les derniers vestiges de la basilique civile romaine dans l'emprise de laquelle a été implantée, entre le IVe et le VIe siècle, la première église de la ville. Ces premiers temps chrétiens sont aussi rappelés par les sarcophages de la nécropole mérovingienne attenante à l'église.

Les élévations gallo-romaines de l'église Saint-Georges - © GFreihalter / CC BY-SA