Sites naturels ou sites archéologiques ?
5 cas confondants !
Raconté pour vous par Cécile, le 31 mars 2023 - temps de lecture : 5 mn
Quand ? Les vestiges que nous présentons ont entre 3500 et 140 ans.
Où ? Japon, Nouvelle-Zélande, Philippines + France et Irlande.
Vous êtes-vous déjà retrouvé devant – ou dans – un faux monument naturel ? C’est quasiment sûr, en fait, même si vous ne vous en êtes pas rendu compte ! Le meilleur exemple ? Les grands parcs publics, qui ont presque tous été faits ou refaits dans la 2e moitié du XIXe siècle, comprennent toujours des cascades, zones de rocailles, bassins qui sont artificiels. Un indice : les rambardes sont en béton imitant le bois (avec plus ou moins de succès). Il y a même de fausses grottes, dans lesquelles on peut rentrer, avec de fausses stalactites, en béton elles-aussi ! C’est le cas parisien de la grotte des Buttes-Chaumont, aménagée dans une ancienne carrière.
Mais si l’Homme imite la Nature, savez-vous que l’inverse est vrai aussi ? Voici quelques exemples de formations naturelles qui ressemblent tellement à des créations de main d’Homme que beaucoup se demandent quelles sociétés mystérieuses ont pu les créer, et dans quel but…
1. Les failles de Yonaguni (Japon)
Yonaguni est une île de l’extrémité sud de l’archipel tropical des Ryūkyū. Elle est surtout connue des amateurs de plongée pour abriter un spot très étonnant, appelé « Monument de Yonaguni », situé à quelques centaines de mètres de la côte sud. Entre 10 et 25 m de profondeur, les plongeurs suivent d’étranges lignes et arêtes rocheuses géométriques, des marches et des paliers géants… Une cité engloutie ? C’est ce à quoi on ne peut s’empêcher de rêver !
Le côté mystérieux du site de Yonaguni est bien sûr magnifié par son caractère sous-marin, qui fait qu’on n’a jamais de vue d’ensemble de ses formations et que l’on semble, ainsi, découvrir un escalier, une muraille, une route plate ou une porte derrière chaque angle de bloc.
La géologie est vraiment un univers merveilleux, et parfois tellement déroutant ! C'est vrai que le site ressemble terriblement à une carrière de pierre.
Il faut en fait voir des formations semblables à l’air libre, intégrées à des paysages plus familiers pour nous que les mondes sous-marins, pour apprécier pleinement la majestuosité de ces paysages. Perdent-ils vraiment de leur magie à l’air libre ? Je ne crois pas…
2. Les Moeraki boulders (Nouvelle-Zélande)
Les Moeraki Boulders sont des groupes de rochers tout ronds, d’énormes boules que l’on peut admirer par dizaines sur la plage de Koekohe, en Nouvelle-Zélande. Fascinés par leur forme sphérique, leur taille, leur nombre et leur aspect de surface (certains sont craquelés comme s’ils étaient recouverts d’écailles), ils sont l’objet de plusieurs mythes maoris. Certains y ont vu aussi l’œuvre d’une civilisation inconnue ayant rayonné sur toute la planète, qui serait aussi à l’origine des célèbres bolas du Costa Rica.
Rien à voir entre les deux, cependant. Les boules de Moeraki se sont formées il y a entre 13 et 65 millions d’années. Ce sont, au départ, des concrétions de calcites accumulées autour d’un petit noyau de boue séchée. Ces gros blocs auraient ensuite été érodés et roulés dans le sable (pendant des millions d’années), jusqu’à obtenir ces sphères quasi parfaites.
L’érosion constante des falaises en bordure de la plage fait régulièrement apparaître de nouvelles sphères. Ces types de formations extraordinaires existent partout sur la planète, en réalité, mais rarement visibles en aussi grand nombre sur un espace aussi facilement accessible et touristique.
Quant aux bolas du Costa Rica, pas d’Atlantes ni d’extraterrestres non plus derrière leur création, mais ce sont bien des sculptures faites de main d’homme, qui portent encore des traces d’outils !
Exposées sur des espaces sacrés ou en lien avec des lieux de pouvoirs, on ignore leur signification exacte. Elles ont été fabriquées entre 800 et 1500, par les populations de la culture Diquís, et l’on n’en trouve que dans le sud du Costa Rica.
Ce sera peut-être l’affaire d’un autre article…
3. Les chocolate hills (Philippines)
Ne dirait-on pas quelque nécropole royale dont les tertres gigantesques émergeraient de la forêt ? On imagine sans peine des ruines monumentales fantastiques cachées sous la végétation. Après tout, de nombreux souverains se sont fait construire des tombeaux énormes en forme de cônes, comme ce que nous voyons ici sur l’île de Bohol, en Indonésie.
Des exemples, parmi tant d’autres ? Le magnifique Mausolée royal de Maurétanie, en Algérie, dernière demeure d’un roi numide du IIe ou du Ier siècle avant notre ère, de 32 m de haut, ou les immenses tumuli des rois de Kerma, au Soudan, emportés par l’érosion.
Les chocolate hills sont tout simplement ce qu’il reste d’une épaisse couche de sables coralliens accumulés au fond d’une mer tropicale, il y a 2 millions d’années. Les mouvements tectoniques ont fait émerger ce banc fossilisé et l’érosion pluviale et la végétation en ont fait ce que l'on en voit de nos jours : il ne subsiste plus de cette couche de roche que des monticules témoins, de 30 à 50 m de haut. Il y en a plus de 1200 sur 50 km² !
4. Géants et serpent magique (Irlande)
Dans notre article sur l'Île d’Émeraude, redécouvrez deux sites magiques d’Irlande, souvent confondus avec des constructions humaines (ou divines) : la Chaussée des Géants et la Poll na bPéist, l'antre du Serpent de mer.
5. En France aussi !
Comme on vous le dit souvent, pas besoin d’aller au bout du monde pour s’émerveiller : la France aussi regorge de sites remarquables insolites. Pour conclure, en voici 3 dans notre thème.
Les ornières d’une route oubliée ? eh non, tout simplement les fissures de la dalle calcaire du platier rocheux de Sainte-Honorine-des-Pertes, dans le Calvados. Cela vous évoque Kimmeridge Bay ? Normal, ce sont presque les mêmes formations rocheuses et les mêmes processus d’érosion : les deux sites sont l’un en face de l’autre, de chaque côté de la Manche !
Et connaissez-vous les orgues basaltiques du Puy-de-Dôme et de l’Allier ? Ces splendides formations volcaniques sont vues latéralement, en France, mais si l’on ôtait la végétation et qu’on les découvrait par le dessus, qu'observerait-on ? Une longue route de pavés hexagonaux, comme la mythique Chaussée des Géants irlandaise !
Enfin, perdez-vous dans le dédale d’une ville de gratte-ciels en ruines envahis de végétation, comme un monde post-apocalytique, dans la Cité des Pierres, le chaos de Montpellier-le-Vieux (Aveyron). De magnifiques paysages ruiniformes de ce type existent aussi à Madagascar ou en Asie du Sud-Est (Chine, Laos...), tous de hauts lieux touristiques entourés de légendes.