Les prouesses médicales de nos ancêtres
en 10 découvertes archéologiques
Raconté pour vous par Maxence, le 15 octobre 2020 - temps de lecture : 3 mn
Maladies, déformations congénitales, accidents, combats et autres guerres, ce ne sont pas les occasions de réparer le corps qui manquaient dans le passé. On dit souvent que la médecine s'est réellement développée récemment, mais c'est un peu vite oublier les connaissances, les observations et... les expériences tentées par nos ancêtres pour essayer de guérir ou de réparer les corps de leurs contemporains. Et vous allez voir, les résultats sont parfois étonnants !
1. Trépanations préhistoriques
Les crânes avec des perforations, ce n’est pas ça qui manque ! La pratique de la trépanation est aujourd’hui bien connue dès le Néolithique en France et dans le reste de l’Europe. Elle est répandue dans la plupart des civilisations, aux quatre coins de la planète. Les raisons d’ouvrir le crâne sont multiples, et globalement les mêmes que dans la chirurgie moderne : fractures ou blessures à soigner ou traitement de douleurs violentes (méningite, tumeurs), même si des pratiques magiques ne peuvent être exclues. Ainsi dans le sud de la Russie, une concentration de squelettes avec des traces de trépanation pourrait indiquer des rites dont on ignore tout. Une chose est sûre : quelle que soit le but de l’opération, la plupart des individus y ont survécu !
2. Une prothèse de gros orteil très efficace (Égypte, - 3000 ans)
C’est l’une des prothèses anciennes les plus connues : la prothèse d’un gros orteil, reliée au pied par une sangle de cuir, et trouvée dans une tombe égyptienne vieille de 3000 ans ! Les traces d’usure montrent qu’elle a été portée et qu’elle n’était pas seulement esthétique : la preuve, des chercheurs l’ont fait essayer à des amputés, qui l’ont trouvée très efficace !
3. L’oeil dans la tombe : l'oeil de Shahr-i Sokhta (Iran) – 2900-2800 av. J.-C.
Drôle de découverte que cet oeil fait de goudron et de graisse animale. Retrouvé dans l’orbite du crâne d’une femme morte autour de 30 ans, c’est la première prothèse d'oeil connue. Elle était finement décorée pour figurer un véritable œil, notamment avec de très fins fils d’or. Un petit sac en cuir trouvé dans la tombe servait probablement à conserver l'oeil pour qu'il ne s'abime pas. Qui était cette femme ? On l’ignore, mais tout porte à croire qu’elle avait une importance particulière.
4. Prouesses dentaires mayas
Les rappeurs n’ont rien inventé : il y a 1 600 ans, cette femme n’avait pas seulement le crâne allongé (une pratique courante en Amérique centrale). Elle avait aussi des petites pyrites incrustées dans les incisives, une sacrée façon de se faire remarquer ! Il s’agit en fait d’une pratique courante dans la noblesse maya, qui se faisait incruster des pierres précieuses (jade, turquoise, obsidienne) ou même de l’or dans les dents : une belle prouesse des « dentistes » de l’époque, qui savaient éviter nerfs et pulpe pour que ça ne soit pas douloureux !
5. La jambe de Capoue (300 av. J.-C.)
C’est la prothèse de jambe la plus ancienne qu’on connaisse : découverte à Capoue (Italie), elle a aujourd’hui disparue, détruite lors de bombardements allemands sur Londres en 1941. La copie existante permet de prendre la mesure de la complexité technique du remplacement d’une jambe. Faite de bois couverte de tôle de bronze, on peut supposer que cette prothèse avait un but esthétique avant tout.
6. Prothèse de pied du début du Moyen Âge (6e s. apr. J.-C.)
Encore un personnage qui a survécu à une amputation, de la cheville et du pied. Cette tombe de Hemmaberg (Autriche) a montré l’utilisation d’une prothèse en bois, fixée au membre subsistant par un anneau de fer. Encore la preuve d’une véritable maîtrise de la chirurgie réparatrice, même s’il est difficile de connaître jusqu’à quel point cette prothèse était efficace.
7. X-man avant la lettre : un couteau à la place de la main ? (6e-8e s. apr. J.-C.)
Une chose est certaine : cet homme découvert dans le nord de l’Italie n’avait plus de main droite. Mais chose plus curieuse, un poignard la remplaçait, sans doute relié au membre par des sangles et des attaches en cuir. On doute de l'utilité de cette prothèse, qui devait avant tout être esthétique, et peut-être rappeler le statut (guerrier ?) de cette personne.
8. Prothèse de jambes du Moyen Âge
Au Moyen Âge, la jambe de bois était le seul moyen de remplacer une jambe amputée : simple pilon permettant de garder l’équilibre, c’était le degré zéro de la prothèse. Et pourtant, cette étonnante mosaïque de la cathédrale de Lescar (Pyrénées-Atlantiques) nous montre que même une faible technologie n’empêchait pas la mobilité : ainsi ce personnage du 12e s. continuait-il à chasser malgré une prothèse fixée à son genou !
9. La main de fer de Götz von Berlichingen (16e s.)
Ce chevalier allemand et mercenaire perdit une main lors de l’un des multiples combats qu’il mena dans sa carrière. Il se fit fabriquer une prothèse de fer dotée de rouages permettant de changer la position des doigts. Il pouvait ainsi continuer à chevaucher en tenant fermement les rênes de son cheval ! C’est en quelque sorte l’un des ancêtres de futures prothèses articulées.
10. Prothèse de nez en métal (17e-18e s.)
Ce type de prothèse en alliage cuivreux était utilisé à l’époque moderne pour remplacer un nez absent, déformé ou perdu (combat, syphilis). Au 16e s., l’astronome Tycho Brahe en portait un en cuivre au quotidien, et un en argent pour les grands jours ! Des traces d’oxyde de cuivre vertes ont été observées sur son crâne, preuve qu’il portait vraiment cette prothèse !